La détermination du SPVM à vouloir s'attaquer au fentanyl et à l'héroïne, des drogues dures, a mené à l'arrestation d'une dizaine de personnes et au démantèlement d'un réseau de trafiquants d'origine turque, ces deux dernières semaines à Montréal, a appris La Presse.

Outre une quantité importante d'un kilo et demi d'héroïne, les policiers ont eu la main heureuse en découvrant, dans une cache de la rue Havre des îles à Laval, deux mallettes contenant plusieurs armes de poing de divers calibres et deux pistolets mitrailleurs de marque Tec-9 - une arme qui fait beaucoup jaser dans les milieux criminels et policiers depuis les dernières années - des silencieux et des chargeurs à haute capacité. Des analyses sont d'ailleurs actuellement en cours pour déterminer si ces armes auraient pu être utilisées dans la commission d'un crime.

« En plus des Tec-9, il y avait des pistolets de calibre 380, 9 mm, 44 et 22. On ne croit pas que les suspects faisaient du trafic d'armes. Par contre, ils sont accusés de possession d'armes. Ces armes démontrent une capacité de riposte en cas de confrontation territoriale avec un autre groupe », a expliqué à La Presse le commandant Nicodemo Milano de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM.

Clientèle captive

Un kilo d'héroïne vaut entre 105 000 $ et 115 000 $ selon le commandant Milano. L'héroïne se vend au point, au coût de 15 ou 20 $. Les consommateurs d'héroïne sont considérés comme une clientèle « captive » qui a besoin de deux doses par jour.

« Nous avions des inquiétudes de voir du fentanyl être mélangé à de l'héroïne. C'était la toile de fond de cette enquête. Dans de tels cas, le SPVM en fait une priorité et nous travaillons en équipe avec les autres sections d'enquête », a ajouté le commandant Milano.

En plus de l'héroïne et des armes, les limiers de la DCO et leurs collègues de la section Crime de violence (CDV) Nord qui ont débuté l'enquête baptisée Narkotik, ont mis la main sur certaines quantités de marijuana et de haschisch, et une somme de 105 000 $.

Les membres du réseau, dont les têtes dirigeantes présumées Erkan Bilgen, 42 ans, et Birol Ulukan, 46 ans, ont été accusés notamment de trafic de stupéfiants et de possession d'armes. Certains d'entre eux ont été libérés en attendant la suite des procédures alors que d'autres subiront leur enquête sur remise en liberté la semaine prochaine.

Selon la police, le réseau aurait eu des liens avec des membres de la mafia et ses responsables auraient versé une taxe à des mafiosi. D'ailleurs, le réseau aurait opéré sur certains territoires contrôlés par des membres de la mafia et les Hells Angels soit le Mile-End, Rosemont, le Plateau Mont-Royal, Villeray, Anjou et Hochelaga-Maisonneuve.

Disparition inquiétante

Par ailleurs, le SPVM recherche toujours un homme de 31 ans, Ergun Akbulut, qui pourrait être impliqué dans le trafic d'héroïne.

M. Akbulut a quitté à pied sa résidence située dans l'arrondissement Plateau Mont-Royal vers 21 h 30 le 27 mars dernier pour aller au dépanneur et n'a jamais été revu, ni n'a donné de nouvelles depuis. Ses proches craignent pour sa sécurité.

M. Akbulut mesure 1,76 m (5'9'') et pèse 100 kg (220 lb). Il a les cheveux et les yeux bruns. Au moment de sa disparition, il portait la barbe. Pour toute information permettant de le retrouver, communiquez avec Info-Crime au 514 393-1133.

En mai 2014, un homme d'origine turque a été victime d'une tentative de meurtre à bord de sa Mercedes garée sur la rue Saint-Hubert, sur le Plateau Mont-Royal. Selon nos informations, le trafic d'héroïne pourrait être la toile de fond de cette tentative de meurtre.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE

Ergun Akbulut