Un meurtre sur cinq au pays serait lié au crime organisé, et le mythe du cinéma semble bien réel: la plupart des victimes sont abattues avec une arme de poing, révèlent de nouvelles données de Statistique Canada.

Autre caractéristique de ces homicides liés à la mafia, aux groupes de motards criminels ou aux gangs de rues: ils sont moins souvent élucidés que les autres.

Réalisant qu'il n'y avait que des estimations du phénomène du crime organisé au pays - mais pas de portrait complet ni de source unique pour les chiffres - Statistique Canada a recueilli pendant deux ans, dans le cadre d'un projet pilote en collaboration avec des services de police, des données sur le nombre d'affaires criminelles commises chaque année au Canada au profit du crime organisé. Le but était aussi d'améliorer la collecte de données.

Ainsi, ces efforts qui portent sur les années 2013 et 2014 ont permis de dégager des statistiques inédites.

Plus précisément, 20 % des homicides ont été commis au profit du crime organisé, ainsi que 13 % des tentatives de meurtre et 25 % des complots en vue de commettre un meurtre.

Quant aux drogues, il apparaît que la cocaïne est celle de choix pour le trafic de stupéfiants fait par des groupes criminels au Canada, suivie de l'héroïne. Les affaires visant le cannabis étaient moins susceptibles d'être associées au crime organisé.

Plusieurs forces policières ont participé au projet, dont la Sûreté du Québec (SQ), le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et ceux de Winnipeg, de la région de York, de Victoria et d'Edmonton, pour un total de 13 services en 2013. Toronto s'est ajoutée en 2014, alors que moins de villes ont participé au projet pilote cette année-là.

Comme plusieurs services de police canadiens n'ont pas fourni des données - par exemple, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) manquait à l'appel -, Statistique Canada prévient que le portrait qu'il a dégagé donne une idée générale du crime organisé, sans toutefois être complètement représentatif à l'échelle du pays. Les services de police des plus grandes villes canadiennes ont néanmoins fourni leurs chiffres: Montréal, Toronto et Vancouver.

L'utilisation des armes à feu retenait aussi l'attention dans ce relevé statistique.

Dans plus des trois quarts des affaires criminelles liées aux homicides commis au profit du crime organisé - ce qui inclut ici les tentatives de meurtre - une arme à feu avait été utilisée pour tuer ou blesser - par rapport à 30 % de l'ensemble des homicides.

Et lorsqu'une arme à feu était utilisée, c'était une arme de poing dans 73 % des cas, par exemple un revolver Magnum 357, un pistolet semi-automatique Ruger de calibre .22 ou encore un revolver Colt de calibre .45.

Les victimes du crime organisé sont plus jeunes que les autres victimes: 73 % avaient moins de 35 ans, et la quasi-totalité était des hommes.

D'après les données tirées du projet pilote, les crimes liés aux homicides qui ont été commis au profit d'organisations criminelles étaient qualifiés «d'affaires classées» moins souvent par la police que les autres.

Seulement quatre affaires sur 10 liées au crime organisé ont été classées, comparativement à plus de sept sur 10 lorsque l'on regarde les homicides dans leur ensemble. Un dossier est considéré comme «classé» par l'organisme fédéral de statistiques lorsqu'un auteur présumé a été identifié et qu'il y a assez de preuves pour déposer des accusations.

D'après les estimations du Service canadien de renseignements criminels, il y avait 672 groupes de crime organisé au Canada en 2013.

Dans le bulletin de Statistique Canada qui explique les objectifs du projet pilote, il était précisé que des données sont nécessaires pour lutter contre le crime organisé, afin de mieux allouer les ressources et de diriger les efforts de détection et de prévention, et d'assurer la sécurité des agents et du public.