Un ancien homme d'affaires arrêté en possession de 1 kg de cocaïne à l'été 2011 a évité le pire, lundi. Il a été condamné à une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité.

En revanche, la juge Linda Despots, de la Cour du Québec, impose à Carlo Savella des conditions sévères. L'homme de 51 ans sera assigné à sa résidence 24 heures sur 24 durant la première année de sa peine, sauf aux fins d'emploi légitime et de sorties médicales, et devra effectuer des travaux communautaires. Durant la deuxième année, il devra respecter un couvre-feu de 23h à 6h.

Il lui sera également interdit de communiquer durant plus de 20 minutes au téléphone et il ne pourra utiliser le renvoi d'appels. De plus, une fois sa peine terminée, Savella devra respecter une période de probation de deux ans et il lui sera interdit de posséder tout genre d'arme durant 10 ans.

Courte enquête 



Savella a été arrêté le 6 juillet 2011 en compagnie d'un autre individu, Flavio Latella, à la suite d'une courte enquête du Module des stupéfiants de la région nord du SPVM.

Un mois plus tôt, les enquêteurs avaient reçu d'une source enregistrée des informations selon lesquelles Savella possédait des kilos de cocaïne provenant du Pérou et cherchait à les écouler 38 000$ chacun. 

L'informateur indiquait également que Savella avait un condo au 6650, boulevard Couture dans Saint-Léonard, immeuble qui avait fait l'objet d'un reportage à l'émission Enquête de Radio-Canada, car des individus liés à la mafia, à la FTQ-Construction et des gens d'affaires y avaient acheté un espace.

Après quelques jours de filature, les enquêteurs ont vu Savella rencontrer un individu et l'ont immédiatement arrêté. Dans sa voiture, ils ont trouvé 1 kg de cocaïne pure à 81% et l'homme a été accusé de possession dans un but de trafic.

Une faillite

Pour expliquer le crime, la défense a évoqué la faillite de Fumoir Kanata inc., entreprise de Savella dans la distribution de poisson fumé, faillite causée par la bactérie Listeria, et le fait que l'accusé s'est retrouvé avec des pertes importantes et une dette d'un demi-million de dollars à rembourser à un proche.

La poursuite et la défense s'entendaient sur la durée de la peine, deux ans, mais la première demandait une peine de prison ferme et la seconde, assurée par Me Isabelle Lamarche, militait pour une peine à purger dans la collectivité. Les regrets et les efforts de réhabilitation ont visiblement aidé la cause de Savella, qui n'avait pas d'antécédents judiciaires avant cette affaire.

« Il est vrai que la jurisprudence en matière de peine pour des possessions importantes de cocaïne privilégie les principes de dénonciation et de dissuasion en raison notamment de la dangerosité que représentent ces substances pour la société. Toutefois, la poursuite de ces objectifs ne saurait occulter l'analyse de l'ensemble des facteurs visant l'individualisation de la peine. Ainsi, si une preuve de réhabilitation ou d'amorce de celle-ci est suffisamment convaincante, un tribunal pourra en tenir compte et faire bénéficier un tel accusé d'une peine qui lui permettrait de ne pas mettre en péril sa réinsertion sociale », écrit la juge Despots dans sa décision.

Fait à noter, la poursuite a, en raison de la forte quantité de cocaïne saisie, évoqué des liens avec le crime organisé, mais cela n'a jamais été prouvé. Toutefois, le jour de leur arrestation, Savella et Latella ont été arrêtés en compagnie d'un 3individu qui n'a pas été accusé. Selon nos informations, ce 3homme aurait été dans le giron de Raynald Desjardins. La Presse a d'ailleurs croqué la photo de cet individu aux funérailles de Gaetan Gosselin, homme de confiance du caïd assassiné en janvier 2013.

Le coaccusé de Savella, Flavio Latella, 43 ans, a été acquitté par la juge Despots lundi, après que la poursuite eut annoncé qu'elle n'avait plus de preuve à offrir.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.