Michel Rose, ancien membre des Nomads, défunt club élite des Hells Angels, peut quitter la maison de transition et retourner chez lui, mais il devra faire du bénévolat auprès des toxicomanes. C'est la nouvelle condition spéciale et plutôt inattendue que lui a imposée hier matin le commissaire aux libérations conditionnelles et ancien procureur de la Couronne affecté aux causes de crime organisé Jean-Claude Boyer, «pour que Rose puisse donner au suivant et rendre un peu de ce qu'il a pris».

Condamné à 22 ans de pénitencier pour complot de meurtre, trafic de stupéfiants et gangstérisme à la suite de son arrestation dans l'opération Printemps 2001, Rose a été libéré d'office il y a presque deux ans, mais il devait depuis ce temps passer la nuit en maison de transition. Hier matin, il a demandé à ce que cette condition soit abandonnée, de façon à pouvoir retourner vivre avec sa conjointe.

Comme il l'avait fait deux ans plus tôt, Michel Rose, 61 ans, a témoigné avec beaucoup de transparence, mais il est allé un peu plus loin: il a notamment dit, pour la première fois, que même s'il était un importateur de cocaïne à la table des Nomads et qu'il n'était pas directement impliqué dans la guerre des motards, il a tout de même cautionné les violences qui ont fait 160 morts et autant de blessés durant les années 1990-2000. «J'ai fait le choix d'aller avec eux [les Hells Angels] sachant ce qui se passait», a-t-il affirmé.

Il a dit également avoir pris conscience des ravages de la drogue au pénitencier, et il a cité en exemple un jeune détenu venu peindre sa cellule, qui lui a raconté qu'il avait commencé à consommer de la drogue, puis à faire des vols pour se la procurer.

«Le trafic de drogue tout court mène à la violence. Je n'étais pas en contact avec les consommateurs, mais je faisais tourner cette roue-là. Jeune, j'ai consommé et j'ai arrêté. Je me suis rendu compte que ce n'était pas bon pour moi», a avoué Rose.

«Les lettres AFFA sur les vestes des Hells Angels signifient Angels forever, forever Angels. Peut-on quitter les Hells Angels»?, lui a demandé le commissaire.

«C'est peut-être vrai pour les motards qui ont grandi là-dedans, mais c'est un cheminement différent qui a fait que j'ai été Nomad durant un an et demi. J'ai embarqué dans un bateau qui coulait. Pour moi, quitter le club [en 2004] n'a pas été déchirant. Je pensais que ça allait être comme une petite famille, mais ça n'a jamais été ça», a-t-il décrit.

Michel Rose suit actuellement des cours en informatique. Il veut poursuivre ses études au cegep et éventuellement travailler ou ouvrir une entreprise dans ce domaine. Il côtoie des jeunes en classe et les incite à poursuivre leurs études.«J'ai changé», assure celui qui veut vivre tranquille entouré de sa famille, dont sa fille qui était toujours dans le ventre de sa mère lorsqu'il est entré en prison, en 2001.

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