Alors que les jurés au procès Diligence amorcent mercredi matin leur septième jour de délibérations au palais de justice de Montréal, un deuxième procès issu d'une autre facette de la même frappe policière survenue en 2009 a pris fin sans tambour ni trompette la semaine dernière à Laval par la déclaration de culpabilité de tous les accusés.

Michel Ste-Marie, 69 ans, ses enfants Dax et Mélanie Ste-Marie et un associé, Richard Felx, ont été reconnus coupables de gangstérisme, complot et recyclage des produits de la criminalité par le juge Gilles Garneau de la Cour du Québec. Un cinquième accusé, Gilles Blondin, a été acquitté sur le chef de gangstérisme, mais a été reconnu coupable sur les deux autres.

Selon la preuve présentée au procès, les trois membres de la famille Ste-Marie, auraient, par le truchement de l'entreprise Groupe Ste-Marie spécialisée dans le redressement de crédit, placé l'argent de membres des Hells Angels, dont certains étaient en fuite après l'opération SharQc du 15 avril 2009, dans des fiducies et des sociétés appartenant à des prête-noms, de même que dans des comptes de banque et des sociétés «offshore» à l'île Maurice.

Parmi les Hells Angels qui auraient profité des stratagèmes, on trouve Normand Ouimet, Alain Durand et Martin Robert. Selon la preuve, ce dernier a même rencontré Michel Ste-Marie dans un hôpital de Laval durant l'été 2009 pour un rendez-vous d'affaires, alors qu'il était recherché dans l'opération SharQc.

Felx a surtout joué un rôle dans la création de fiducies. Il possédait également une société à l'île Maurice par laquelle il faisait transiter l'argent des clients. Blondin, quant à lui, était l'homme de confiance de Robert et s'est assuré de la poursuite des transactions du motard une fois que ce dernier a été appréhendé.

Faux documents, déclarations mensongères sur les clients, multiples transactions, transferts d'un compte à un autre, d'un pays à un autre, les accusés utilisaient toutes sortes de manoeuvres et gardaient une cote qui pouvait s'élever à 10% du montant de la transaction.

Agents doubles et capteurs d'écran

Les enquêteurs de la défunte Division d'enquête sur la criminalité financière organisée de la Sûreté du Québec (DECFO) ont utilisé, pour coincer les suspects, des agents d'infiltration, dont l'un s'est fait passer pour un producteur de cannabis lié aux motards qui avait de l'argent comptant provenant du crime à placer.

Ils ont mis également les accusés sur écoute et installé des capteurs d'écran sur des ordinateurs appartenant à Mélanie Ste-Marie, principalement affectée aux tâches administratives du groupe. 

Les plaidoiries sur sentence des cinq individus auront lieu demain à Laval.

Rappelons que l'autre procès de l'opération Diligence, celui de Montréal, porte notamment sur une tentative du Hells Angel Normand Ouimet de s'infiltrer dans l'industrie de la maçonnerie au Québec en prenant le contrôle, avec des coaccusés, de l'ancienne entreprise LM Sauvé de Paul Sauvé, selon la théorie de la police.

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