L'homme assassiné lundi soir à Montréal dans le stationnement d'une maison de transition de l'est de Montréal avait obtenu sa semi-liberté il y a deux mois à peine.

Martin Garand, 43 ans, un homme d'affaires et producteur de marijuana de Repentigny était de retour pour son couvre-feu prévu à 22 h. Il venait de garer son luxueux VUS Audi blanc dans le stationnement de la maison de transition située sur la rue Notre-Dame Est, près de la 8e avenue, dans le quartier Pointe-aux-Trembles, lorsqu'un individu est sorti de l'ombre et a ouvert le feu à plusieurs reprises, l'atteignant dans le haut du corps.

Des résidants du secteur et des pensionnaires de la maison, qui ont entendu les coups de feu, ont communiqué avec le 911.

À leur arrivée, les patrouilleurs ont découvert le corps de la victime à bord du véhicule dont le moteur tournait toujours.

Tête de réseau

En juin 2015, Garand a été condamné à une première peine fédérale de deux ans, 11 mois et 13 jours pour production de cannabis.

Quatre mois plus tôt, il avait été arrêté dans le démantèlement d'un réseau de producteurs de cannabis dont il était la tête dirigeante présumée. Dans cette enquête baptisée Champignon, les enquêteurs de l'Escouade régionale mixte (ERM) de Laurentides-Lanaudière de la Sûreté du Québec avaient effectué 15 perquisitions dans un ancien commerce et des résidences de Lanoraie, Sainte-Béatrix, Saint-Cuthbert, Saint-Lin, Saint-Roch-de-l'Achigan et Saint-Jacques, et saisi plus de 10 500 plants de cannabis, 55 kilos de cannabis en vrac, plus de 11 000 comprimés de méthamphétamine, six armes à feu, des stéroïdes et plus de 45 000 $ en argent.

Devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Garand avait raconté avoir été impliqué dans toute cette affaire par un ami qui lui devait 10 000 $, et qui lui avait donné une partie de sa plantation en guise de dédommagement.

Dans un passé plus lointain, Garand a eu des antécédents en matière de stupéfiants et de voies de fait, surtout commis dans les bars. Lors de ses passages en prison, il a aussi été impliqué dans des bagarres avec des codétenus. Toutefois, il avait connu une période d'accalmie d'une quinzaine d'années qui a coïncidé avec l'arrivée d'une conjointe positive et la naissance de ses enfants.

Les commissaires considéraient que les risques de récidive de Garand étaient faibles, que ses chances de réinsertion sociale étaient fortes et son plan de sortie « bien structuré ». À sa libération, il voulait reprendre son rôle de père auprès de ses enfants, mais ses souhaits auront été de courte durée.

Lié aux motards

Il a été libéré le 13 avril dernier aux conditions de divulguer toutes ses transactions financières et de ne pas communiquer avec toute personne impliquée dans des activités criminelles.

Selon nos informations, Garand, qui était bien connu à Repentigny, a été copropriétaire d'un populaire bar de Charlemagne et propriétaire de salons de bronzage, et aurait eu des amitiés dans le milieu de la construction. Il aurait également été impliqué dans le prêt d'argent et aurait eu des liens avec les motards.

Son assassinat a toutes les apparences d'un meurtre lié au crime organisé. Les enquêteurs des Crimes majeurs de la police de Montréal, qui ont passé plusieurs heures sur la scène hier, ne devront écarter aucune hypothèse, y compris un crime motivé par une dette ou un règlement de compte dans le milieu des stupéfiants.

C'est au moins la troisième fois en un peu plus d'un an qu'un délinquant supervisé par les Services correctionnels et pensionnaire dans une maison de transition est assassiné depuis le prédateur sexuel Mario Bourgeois, dans le quartier Saint-Michel, en février 2015, et l'aspirant parrain Lorenzo Giordano, à Laval, le premier mars dernier.

Le meurtre de Martin Garand est le sixième commis cette année à Montréal. Un suspect, un homme de race blanche, est toujours recherché.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le (514) 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Martin Garand a été tué le 20 juin à Pointe-aux-Trembles.