Un chauffeur de taxi montréalais «cowboy» fera face à la justice pour des gestes posés lors d'interventions spectaculaires contre des chauffeurs d'UberX. Hassan Kattoua doit comparaître dans trois semaines pour être accusé d'avoir intimidé un policier et un chauffeur d'UberX et pour avoir prétendu faussement être un agent de la paix, a-t-il affirmé mardi soir, en entrevue avec La Presse, en sortant du poste de police de la rue Guy.

Vêtu d'un chapeau de cowboy, d'une étoile de shérif et de pantalons de camouflage semblable à ceux des policiers montréalais, Hassan Kattoua a multiplié les coups d'éclat contre les chauffeurs d'UberX depuis les derniers mois. Il a déjà détruit avec un marteau le téléphone cellulaire de l'un d'entre eux. Il a également tenté de bloquer une route d'accès à l'aéroport Montréal-Trudeau en février dernier.

Hassan Kattoua ne pouvait pas commenter les gestes pour lesquels il est accusé en raison des conditions auxquelles il est soumis. «Je ne peux pas en parler», dit-il. Le chauffeur de taxi n'a notamment plus le droit de se trouver près d'une voiture UberX ou de porter des vêtements de policier. Les vêtements qu'il portait mardi soir ont d'ailleurs été saisis par les enquêteurs. «Ils disent que ce sont des vêtements de police. Mon manteau, je l'ai depuis cinq ans», évoque-t-il. 

Une vingtaine de chauffeurs de taxi ont manifesté devant le poste de police mardi pour défendre M. Kattoua. Selon les manifestants, les policiers du SPVM tentent d'intimider tous les chauffeurs de taxi qui s'opposent à Uber X en interrogeant M. Kattoua au poste de police pour des accusations criminelles. «C'est évident!», lance Rolland Dallaire. Le chauffeur de taxi d'expérience juge primordial de montrer sa «solidarité» envers Hassan Kattoua. Il considère que ce dernier n'a rien fait de mal il y a quelques semaines en forçant un chauffeur d'UberX à se rendre aux autorités pour être mis à l'amende. 

«Qu'y a-t-il de criminel à prendre une voiture d'Uber et de l'amener au poste de police?», se questionne le chauffeur Joe Waked. «Il avait une étoile, il n'avait pas de badge. C'est un déguisement», soutient-il.

«M. Kattoua est une victime. Les chauffeurs d'Uber sont des victimes. Les chauffeurs des taxis sont des victimes!» martèle Kamal Sabbah, vice-président du Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal (RPTM). Selon lui, la compagnie «corrompue» et «illégale» Uber «créé des conflits entre nous [les chauffeurs] et notre apprécié Service de police de Montréal». 

Il lance un message au ministre des Transports Jacques. Daoust. «C'est urgent de sortir une Loi spéciale qui dirait que toute personne qui fait du transport illégal verrait son permis suspendu. Il faut arrêter le transport illégal!» 

Par ailleurs, la demande d'injonction des chauffeurs de taxi visant à désactiver l'application d'Uber dans la province sera débattue en cour à la fin de l'été, a confirmé lundi le juge de la Cour supérieure André Wery.

PHOTO COURTOISIE

Le chauffeur de taxi Hassan Kattoua, peu avant sa rencontre avec les policiers, mardi.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, LA PRESSE

Une vingtaine de chauffeur de taxi sont rassemblés devant le centre opérationel du SPVM pour appuyer le chauffeur de taxi Hassan Kattoua, rencontré par des policiers pour une enquête de nature criminelle.