Après avoir purgé la moitié d'une peine de huit ans, Angelo Follano, chef d'orchestre d'un complot visant à importer 1300 kg de cocaïne éventé en 2006 durant la rafle antimafia Colisée, a convaincu hier matin les commissaires aux libérations conditionnelles de l'envoyer en maison de transition.

Grand sportif, Follano, 42 ans, qui portait d'ailleurs un chandail des Bears de Chicago, de la NFL, a raconté aux commissaires que son implication dans le crime a commencé en raison de ses problèmes de jeu compulsif. Il a dit avoir été initié aux paris sportifs illégaux en pleine partie de hockey-balle, alors que l'un de ses coéquipiers pariait sur des matches de basketball professionnel, directement sur le banc de l'équipe, à l'aide d'un petit appareil électronique.

«J'ai commencé à parier. Je gagnais au début, et ça m'a monté à la tête. J'avais de l'argent, ce que je n'avais jamais eu avant. On était pauvres, chez nous. À Noël, je recevais des pommes et des oranges comme cadeaux», a-t-il expliqué.

Mais la chance a tourné. Follano s'est retrouvé avec une dette de quelques milliers de dollars. Pour qu'il se refasse, un ami l'a initié à la vente de stupéfiants. «Au début, je livrais de la coke et du pot. Je recevais 250$ du kilo et 25$ par livre de pot.»

Mais la dette de Follano a continué d'augmenter et a dépassé les 100 000$. C'est pour cette raison, dit-il, qu'il s'est impliqué dans le projet d'importation de 1300 kg.

Rappelons que durant l'enquête Colisée, les policiers ont mis la main sur 300 des 1300 kg projetés. La drogue avait été dissimulée dans des barils de mazout doublés au plomb pour échapper aux appareils de détection. Exploitant sa passion pour le baseball, les enquêteurs étaient allés jusqu'à infiltrer un agent civil dans l'équipe amateur à laquelle appartenait Follano.

Pas menacé

Follano était en cavale le jour de l'opération Colisée, et ce n'est que trois ans et demi plus tard, soit en avril 2010, qu'il s'est livré à la police. La mafia était alors secouée par une guerre intestine. C'est peut-être la raison pour laquelle les commissaires l'ont questionné sur une visite qu'il aurait eue, alors qu'il était prévenu à Rivière-des-Prairies, d'une personne qui lui aurait demandé de choisir con camp. Ils lui ont également parlé d'un contrat qu'il aurait eu sur sa tête.

Follano a vigoureusement nié avoir reçu de la visite à RDP et affirme que sa vie n'est pas en danger. «Si je sortais aujourd'hui, je n'aurais pas besoin de regarder dans mon dos», a-t-il assuré.

«Faites-vous partie du crime organisé traditionnel italien?», lui ont demandé les commissaires. «Non». Il a hésité avant d'ajouter: «Mais je répondais d'une seule personne qui en faisait partie.»

Follano a maintenu un comportement conformiste en établissement, s'est inscrit à une thérapie et s'est impliqué dans un organisme communautaire. Il a effectué plusieurs sorties avec et sans escorte, sans problème.

Son agente de libération recommandait son envoi en maison de transition, ce qu'ont entériné les commissaires. Follano, qui a un emploi de commis de pièces automobiles qui l'attend, ne pourra toutefois se livrer aux jeux de hasard, devra divulguer toute transaction financière, ne pourra fréquenter des individus qu'il sait criminels et devra poursuivre sa thérapie contre le jeu compulsif.

Angelo Follano