Le réseau spécialisé dans les tranquillisants contrefaits auquel appartenaient les fils de la « taupe du SPVM » Ian Davidson avait une capacité de production de 20 000 comprimés à l'heure, et son démantèlement constitue l'une des plus importantes saisies de ce type de stupéfiants dans l'histoire du Canada, a affirmé la police hier.

Les comprimés étaient tout simplement envoyés par la poste à des clients aux États-Unis et dans l'Ouest canadien. « C'est une tendance qu'on voit de plus en plus dans les cas de drogues de synthèses et de médicaments contrefaits : des gens envoient ça dans le courrier », a confirmé le sergent d'état-major Christian Knight, de la GRC, qui a assisté la police de Laval dans son enquête.

Les policiers ont exhibé en conférence de presse pas moins de 1,4 million de comprimés contrefaits sur les quelque 2 millions saisis jusqu'ici.

La police de Laval dit avoir appris l'été dernier que des quantités suspectes de comprimés étaient envoyées à partir de comptoirs postaux lavallois. Une enquête rapide a permis de découvrir une organisation criminelle très efficace établie sur la Rive-Sud, qui fabriquait des comprimés d'alprazolam. Ce médicament aussi connu sous le nom commercial de Xanax est vendu sur ordonnance en pharmacie pour soulager l'anxiété, mais certaines personnes en font un usage récréatif. Il est reconnu pour entraîner une forte dépendance.

À s'y méprendre

Les comprimés saisis portaient la mention Xanax et ressemblaient à s'y méprendre à des vrais. Ils étaient présentés comme des multivitamines ou d'autres produits anodins lorsqu'ils étaient postés aux clients, que ce soit à partir de Laval, de Montréal ou même de Toronto.

Neuf perquisitions ont eu lieu cette semaine avec l'aide de la police de Longueuil et de la GRC, dans cinq résidences et quatre locaux commerciaux. Un entrepôt de comprimés a notamment été mis au jour sur le boulevard Marie-Victorin à Brossard, et un laboratoire clandestin a été découvert sur la route de l'Aéroport à Saint-Mathieu-de-Beloeil.

Cinq presses à comprimés, un appareil à compter les comprimés, une machine à compter les billets de banque, trois armes de poing, une veste pare-balles, un mélangeur industriel et 200 000 $ en argent comptant ont été saisis. L'enquête se poursuit et la DEA, l'agence fédérale antidrogue américaine, a été avisée de l'affaire.

Outre les frères Simon et Christian Davidson, dont le père avait ébranlé le système de justice québécois en tentant de vendre des informations à la mafia après avoir quitté la police de Montréal, trois autres suspects sont accusés dans cette affaire. Il s'agit de Georges El Achkar, 26 ans, de son frère Fadi El Achkar, 24 ans, tous deux de Longueuil, ainsi que d'Arden McCann, 27 ans, lui aussi de la Rive-Sud.

Ils demeurent détenus dans l'attente de leur enquête sur cautionnement.

Avertissement aux consommateurs

Même si les comprimés étaient destinés à l'exportation, « on ne peut pas exclure qu'il y en ait en circulation au Québec », a souligné l'inspecteur-chef Dany Gagnon, de la police de Laval, qui lance un avertissement aux consommateurs potentiels.

« Ce type de comprimés et autres drogues de synthèse sont faits d'un mélange de substances et de produits chimiques fabriqués de façon artisanale dans des laboratoires clandestins par des organisations criminelles. L'usager n'a donc aucune idée de ce qu'il consomme ni de la dose réelle qui est absorbée », explique-t-il.

PHOTO LA PRESSE

Les fils de Ian Davidson, Christian et Simon, sont accusés de trafic de comprimés contrefaits.