La Gendarmerie royale du Canada (GRC) dit travailler avec les autorités des Nations unies et de la Chine pour contrer l'afflux du dangereux analgésique synthétique fentanyl au pays, mais selon un expert, les cas de surdoses liés à cette drogue pourraient continuer de grimper.

Les responsables de la santé publique au Canada pressent les différentes autorités concernées de collaborer pour s'attaquer à la prolifération de ce médicament dans les rues du pays, qui serait lié à la mort d'au moins 655 personnes. Le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies a indiqué que la consommation de cette drogue était la cause ou l'une des causes contribuant à ces décès, survenus entre 2009 et 2014.

Le fentanyl, qui est très en demande chez les toxicomanes, est une poudre blanche, facilement contrefaite et qui peut être difficile à démasquer, selon le caporal Luc Chicoine, coordonnateur national de la lutte contre la drogue à la GRC.

La drogue entre au pays illégalement de plusieurs façons. Elle peut être dissimulée dans des trousses de rasage de certains passagers en avion, dans du courrier, ou elle peut être placée par des organisations criminelles dans des conteneurs commerciaux.

Les policiers n'ont pas encore réussi à identifier l'origine précise du fentanyl, mais ils travaillent avec la Chine, dont certains producteurs pharmaceutiques pourraient être les fournisseurs de plusieurs groupes criminels. M. Chinoine assure que la collaboration des autorités chinoises s'est améliorée depuis quelque temps.

Le bilan des décès liés à la drogue a augmenté et il pourrait s'aggraver encore davantage prochainement, selon le caporal Chicoine, qui souhaite sensibiliser la population et ainsi s'attarder aux «mesures à long terme».

Seize personnes sont mortes des suites d'une surdose seulement dimanche dernier à Vancouver - dont six en une seule heure, qui auraient consommé de l'héroïne mélangée avec du fentanyl, selon les autorités. Depuis le 20 juillet, la substance a été liée à la mort de quatre personnes dans le Grand Vancouver.

«On a besoin de tellement peu de fentanyl, que de retracer la signature chimique serait extrêmement difficile. Je ne sais même pas si on a la technologie (pour le faire)», a expliqué M. Chinoine.

Environ 100 grammes de fentanyl peuvent être mêlés à d'autres ingrédients pour fabriquer un kilogramme de drogue à vendre sur la rue, alors que quelques granules de la substance - de la grosseur d'un grain de sel - peuvent être toxiques.

Le fentanyl est 50 à 100 fois plus puissant que la morphine et selon les experts, il est dans une classe à part par rapport à tous les autres narcotiques contrefaits qui circulaient par le passé, comme l'ecstasy.

Le bureau de l'administratrice en chef adjointe de la santé publique, la docteure Bonnie Henry, a réclamé une «stratégie nationale coordonnée» notamment pour mieux évaluer l'évolution des cas de surdose au pays.

«Nous n'utilisons pas tous les mêmes données, nous ne considérons pas tous les mêmes choses et nous ne surveillons pas la situation de la même manière», a-t-elle déploré mardi.