Pierre Grondin, un Québécois résidant au Venezuela qui a servi d'intermédiaire dans des complots d'importation de cocaïne éventés par la Gendarmerie Royale du Canada en 2011, a été condamné à huit ans de pénitencier hier. En soustrayant la détention préventive, il reste deux ans à purger à l'homme de 58 ans.

Le 25 août 2014, Grondin avait plaidé coupable à quatre chefs de complot, dont un de 40 kilos de cocaïne, et un autre de 240 kg, en provenance du Venezuela. Mais la drogue n'a jamais été saisie, les complots ayant été éventés avant de se concrétiser.

La Poursuite fédérale, assurée par Me Carly Norris, réclamait neuf ans alors que la Défense, représentée par Me Karl Emmanuel Harrison, considérait que Grondin avait déjà purgé sa peine. Mais le juge Louis A. Legault de la Cour du Québec a décrit le condamné comme un acteur important des complots, «le lien avec les fournisseurs de cocaïne, une bougie d'allumage et un metteur en scène», un homme qui, avec les profits réalisés, «espérait ses châteaux en Espagne», et qui, sans être l'instigateur des complots, «avait un rôle essentiel et primordial».

Vantardise compromettante

La preuve qui concerne Grondin est marquée par de nombreuses anecdotes que le magistrat n'a pas manqué de souligner en rendant sa décision.

En autres, Grondin n'a pas aidé sa cause lorsque, emprisonné à Toronto pour une autre affaire en 2011, il a continué de comploter avec des coaccusés, tout en qualifiant sa sentence ontarienne de «peine de b.s.» sur les lignes d'écoute.

Les enquêteurs l'ont notamment entendu se vanter de ses magouilles sur les lignes, «une enflure verbale» a qualifié le juge Legault, et même donner des conseils à un proche pour que ce dernier suive ses traces.

Parfois ferme dans ses propos, le magistrat a tout de même fait preuve de compassion envers un condamné éprouvé en laissant entendre qu'il croyait à sa réhabilitation. «À vous de peaufiner cette carte de visite. Le temps de la cour est terminé. C'est le temps pour vous de passer à d'autres choses», a-t-il lancé à Grondin.

Fait à noter, le juge est entré dans la salle en tenant dans ses mains plusieurs pages griffonnées maladroitement, ce qui en a fait sourciller certains dans la salle, craignant qu'il s'agisse là du jugement. C'était bien le cas. Mais le magistrat a improvisé autour de ces notes une décision d'environ trois quarts d'heure très structurée et récitée dans une cohérence redoutable. «Vous m'excuserez. J'aurais bien aimé vous la rendre par écrit, mais depuis décembre, je n'arrête pas de préparer des décisions», a déclaré le juge Legault qui prendra sa retraite en juin.

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