Craignant qu'il commette lui aussi un acte terroriste, les autorités veulent imposer des conditions pour restreindre la liberté d'un proche montréalais de l'adepte de combats extrêmes Merouane Ghalmi, qui s'est engagé récemment à porter un bracelet GPS pour que la GRC puisse le suivre à la trace.

Le nom de Daniel Minta Darko vous est peut-être familier. La semaine dernière, les médias du Canada entier se sont mis en vain à sa recherche.

C'est que parmi les conditions imposées à Merouane Ghalmi, 22 ans, qui a signé le 27 mars, devant un juge, un engagement à garder la paix, conformément à l'article 810.01 du Code criminel, il y avait l'interdiction d'entrer en contact avec un dénommé Daniel Minta Darko.

La Couronne fédérale avait alors catégoriquement refusé de donner toute information au sujet de cet homme : ni son lieu de résidence, ni son âge, ni ses liens avec Ghalmi, un ex-champion de kick-boxing de Pierrefonds. Il n'existe pas de trace de Darko, du moins sous son véritable nom, sur les réseaux sociaux.

Mais selon des documents judiciaires consultés par La Presse, sa discrétion ne l'empêche pas d'être dans la ligne de mire de la police.

En quête d'un engagement

Daniel Minta Darko, un Montréalais de 27 ans qui, selon l'adresse fournie à la Cour, habite chez ses parents à Dollard-des-Ormeaux, à moins de deux kilomètres de chez Merouane Ghalmi, a comparu lundi devant un juge de la Cour du Québec. La police veut le forcer lui aussi à prendre un engagement de garder la paix en vertu de l'article 810.01.

La Couronne fédérale écrit dans l'acte de dénonciation « avoir des raisons de craindre qu'il commettra une infraction de terrorisme ». L'homme, qui ne fait l'objet d'aucune accusation, sera de retour devant le juge le 10 avril. Il pourrait alors accepter les conditions qu'on lui imposera, comme l'a fait Ghalmi, ou s'y opposer, ce qui forcerait la Couronne à exposer sa preuve pour démontrer qu'il est dangereux.

La procureure chargée du dossier, Me Lyne Décarie, n'a pas souhaité fournir de détails sur les actes terroristes que la police soupçonne le Montréalais de vouloir commettre. « Ce n'est pas public », a-t-elle expliqué.

On ne sait pas si les autorités craignent de le voir commettre un attentat en sol canadien ou aller rejoindre les rangs d'un groupe djihadiste, comme l'ont fait en janvier sept étudiants du Collège de Maisonneuve, cinq garçons et deux filles que la police croit partis en Syrie, siège du groupe armé État islamique et du Front Al-Nosra.

La Couronne a aussi refusé de divulguer les conditions auxquelles elle demandera à Daniel Minta Darko de se conformer. L'avocate du jeune homme ne nous a pas rappelés. Sa mère et son frère ont décliné nos demandes d'entrevue. « On ne veut rien avoir à faire avec vous », a dit son frère.