Le nombre de signalements relatifs à des activités qui pourraient être liées au terrorisme a explosé au Québec dans la foulée des attaques de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa.

Au cours d'un témoignage devant un comité du Sénat, un dirigeant de la Sûreté du Québec (SQ) a affirmé que le corps policier a enregistré un «nombre excessivement élevé de signalements» depuis ces événements.

De nombreux signalements étaient de fausses alertes: «Un grand nombre de ces signalements-là n'a pas mené à des dossiers précis d'accusations ou d'arrestations», a déclaré Jocelyn Latulippe, le directeur général adjoint responsable des enquêtes sur la sécurité intérieure.

M. Latulippe n'a pas voulu préciser le nombre de ces signalements de même que le nombre de suspects actuellement sous surveillance par la SQ dans des dossiers de terrorisme. «Les enquêtes confirment des fois des dossiers qui sont négatifs», a-t-il justifié.

Il a néanmoins tracé un parallèle entre les cas rapportés et une hausse du phénomène de la radicalisation au Québec. «Sans avoir d'étude trop poussée, c'est certain que plus nous en détectons et plus nous en trouvons et automatiquement, on s'aperçoit qu'il y a une montée de l'extrémisme», a analysé le directeur général adjoint.

La semaine dernière, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, a fait état d'une tendance semblable, lorsqu'il a comparu devant ce même comité sénatorial de la Sécurité publique. M. Parent a affirmé que le SPVM a ouvert une centaine de dossiers liés au terrorisme depuis deux mois, mais que ces dossiers aboutissaient souvent à des constats de problèmes de santé mentale. Le SPVM a à l'oeil de «10 à 20» suspects considérés comme étant «plus sensibles» et qui font l'objet d'une surveillance accrue.

Les deux corps policiers n'arrivent toutefois pas aux mêmes conclusions quant à l'interprétation à donner à cette hausse des cas signalés. Le SPVM a dit ne pas avoir de données lui permettant d'affirmer que la menace terroriste augmente sur son territoire. Elle attribue plutôt cette augmentation de dossiers à l'attention accrue qu'elle accorde à ce type d'infractions.

Passeport saisi

Cette comparution de deux représentants de la SQ survient au lendemain de la publication d'une vidéo où un jeune homme d'Ottawa parti combattre auprès du groupe armé État islamique (EI) en Syrie appelle des djihadistes à mener des attaques au Canada.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blaney, a déclaré hier que le passeport du jeune homme en question, John Maguire, avait été «révoqué il y a de cela un certain moment». Il n'a pas précisé quand. Selon un député conservateur, cela pourrait être l'hiver dernier.

Le ministre Blaney a en outre indiqué que le niveau de menace terroriste au Canada n'avait pas été élevé à la suite de la circulation de cette dernière vidéo.