Une agression sexuelle expliquerait le meurtre de Jenique Dalcourt, cette jeune femme sauvagement assassinée mardi dernier sur une piste cyclable de Longueuil, a appris La Presse de sources sûres.

Toujours selon nos informations, l'agresseur pourrait même avoir suivi sa victime durant un certain temps avant de passer à l'acte. Et tout porte à croire que la jeune femme ne connaissait pas son assassin.

Ces nouvelles révélations s'ajoutent au coup de théâtre aussi rare qu'inattendu survenu hier au palais de justice de Longueuil.

Le jeune homme de 26 ans emprisonné depuis samedi en lien avec le meurtre a été relâché en fin de journée sans accusation, faute de preuves.

La Couronne et le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) ont été peu loquaces concernant ce revirement inusité. «Plusieurs éléments de preuve ont été soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, cependant, des résultats d'analyses d'expertises judiciaires sont toujours attendus», a fait savoir la police de Longueuil par communiqué.

La police refuse de dire si elle détenait ou non le bon suspect, mais le fait de devoir attendre des résultats d'expertises dans une enquête est souvent compatible avec un crime de nature sexuelle.

«Nous avons des communications étroites avec la Direction des poursuites criminelles et pénales et nous nous gardons des éléments pour notre enquête», a précisé en soirée le porte-parole du SPAL, Tommy Lacroix. La police de Longueuil affirmait samedi avoir appréhendé un suspect, qui aurait agi seul. Le mobile du crime n'avait pas été dévoilé.

Les familles de la victime et du suspect libéré, présentes au palais de justice, n'ont pas voulu commenter ce rebondissement. Même chose pour les avocats qui représentaient les deux parties. Après sa libération, le prévenu a retrouvé sa famille, qui l'attendait dans le couloir du palais de justice. Un capuchon noir enfoncé sur sa tête, il dissimulait son visage à l'aide d'une feuille blanche. Lui et sa famille sont montés à bord d'une voiture avant de quitter les lieux.

Journée cauchemardesque

La famille de Jenique Dalcourt a en première ligne fait les frais de cet imbroglio judiciaire. Plusieurs membres de la famille étaient présents, dont son père et son frère, qui ont fait la route depuis New York, où ils habitent, pour ne pas rater la comparution. Ils se sont installés dans la première rangée de la salle d'audience dès l'ouverture des portes en matinée, dans l'espoir de regarder l'assassin présumé de Jenique dans les yeux.

Ils ont dû prendre leur mal en patience tout au long de la journée pendant que des dizaines de prévenus défilaient devant la juge pour de petits larcins. Une situation qui courrouçait déjà le beau-père de la victime en début d'après-midi.

«C'est ridicule! On est ici depuis 9h30 ce matin», a pesté Michel Lafrance. Lui et sa famille se braquaient chaque fois qu'un prévenu se présentait dans le box des accusés, croyant avoir affaire au suspect du meurtre de Jenique. Une torture insoutenable. «On est sur les nerfs, stressés, on agrippe la chaise à chaque fois», a illustré M. Lafrance, qui ne cachait pas souhaiter une peine exemplaire pour le responsable du meurtre. «Moi, je lui ferais au minimum ce qu'il a fait à la victime!»

Un secteur dangereux

La suite des événements n'allait pas apaiser sa colère ni celle de sa famille, plongée dans le noir depuis le meurtre. Jenique Dalcourt aurait été battue à mort à l'aide d'une barre de métal en rentrant à pied chez elle après le travail. La victime empruntait un court tronçon de la piste cyclable, situé entre le chemin Chambly et la rue de Normandie.

Plusieurs résidants du secteur ont décrit les lieux du meurtre comme un endroit dangereux, mal éclairé et fréquenté par des gens louches. Des émondeurs étaient d'ailleurs sur place vendredi pour couper des branches susceptibles de nuire à la visibilité.

Le père de Jenique, John Gandolfo, était également consterné par les événements. «Elle avait hâte de revenir chez moi aux Fêtes pour fêter Noël», a confié l'homme, atterré.