Un total de 43 personnes ont été arrêtées mercredi en lien avec l'importation et la distribution de drogue dans la grande région de Montréal.

L'important réseau d'importation et de distribution de stupéfiants démantelé hier illustre la trêve qui persiste entre les groupes criminalisés à Montréal : les 43 contrevenants arrêtés n'étaient pas des membres en règle des réseaux criminels, mais ils avaient néanmoins des «ententes d'affaires» avec la mafia italienne, le crime organisé de souche irlandaise et les motards.

Le réseau autonome s'était entendu avec les groupes criminalisés afin de contrôler certains territoires pour y distribuer de la marijuana, du haschisch, des drogues de synthèse et une vingtaine de kilos de cocaïne par semaine. Il a été démantelé alors qu'il planifiait l'importation vers le Québec de 1200 kilogrammes de cocaïne en provenance des États-Unis.

Les contrevenants opéraient à partir de Montréal, mais déléguaient des complices ontariens vers Miami, en Floride, afin de s'approvisionner en stupéfiants. L'organisation distribuait ensuite de la drogue en Montérégie, dans Lanaudière et à Montréal - principalement dans les secteurs Ville-Émard, LaSalle et Verdun.

C'est d'ailleurs une saisie réalisée en Ontario en septembre 2013 qui a lancé l'opération. Un total de 745 000 $ avait alors été retrouvé dans le véhicule d'un individu intercepté pour une infraction au Code de la route. Au début de mai, la découverte de 123 kilos de cocaïne dissimulés dans le double fond d'un camion tentant de traverser la frontière canado-américaine à Sarnia, en Ontario, a permis de confirmer le stratagème.

Au total, 32 hommes et huit femmes ont été arrêtés et comparaitront au Palais de justice de Montréal aujourd'hui pour répondre notamment à des accusations de gangstérisme, importation, trafic et possession de drogue et recel.

Chef présumé

Selon nos informations, la principale cible de l'opération est Bruno Varin, 67 ans, un vieux routier du trafic de drogue dont le nom est apparu dans au moins une enquête majeure ces dernières années. Varin aurait été arrêté tôt hier matin dans sa résidence de Venise-en-Québec et a passé la nuit en cellule.

Bruno Varin a été écouté et observé par les enquêteurs de la GRC dans le cadre d'une opération baptisée Cynique par laquelle les policiers fédéraux ont déjoué des complots d'importation de cocaïne en 2010.

Selon un agent source qui a pris part à cette enquête, Varin aurait été actif dans la contrebande de drogue, d'alcool et de cigarettes. Il aurait été mêlé à un projet d'importation impliquant un membre de la famille Dubois et à un complot de trafic de stupéfiants en compagnie d'un autre vieux routier condamné à la suite de l'opération Cynique, Claude Adam. Notons toutefois que Varin n'a pas été accusé à la suite de cette enquête de la GRC.

Bruno Varin est actionnaire ou a été actionnaire de plusieurs entreprises de vente de véhicules, de gestion et d'investissements. Il a des antécédents criminels variés, mais limités qui débutent avec une affaire de recel en 1965 et se terminent avec une condamnation de trois ans pour possession de cocaïne dans un but de trafic en 1992.

L'opération a été menée par la Division du crime organisé de la police de Montréal, en collaboration avec la GRC, la police provinciale de l'Ontario, l'Agence des services frontaliers du Canada et plusieurs autres corps de police du Québec.

L'opération en chiffres :

• 37 perquisitions

• 125 kg de cocaïne

• 145 kg de marijuana

• 13 kg de haschisch

• 12 armes à feu

• 1,63 million de dollars