Un délateur qui a signé un contrat en bonne et due forme avec Québec et témoigné dans un important procès contre les Rock Machine au début des années 2000 a pris le chemin des cellules hier, a appris La Presse.

Sylvain Beaudry, qui était en liberté sous une autre identité depuis plusieurs années et s'était construit une nouvelle vie, nous a confié dernièrement qu'il voulait retourner en prison de son propre chef, notamment pour des raisons de sécurité. Un individu lié aux Rock Machine, dont il ignorait qu'il habitait à proximité de sa résidence, a en effet été arrêté chez lui, à environ 5 km du logement de Beaudry, au cours des derniers mois. Le Rock Machine en question a de lourds antécédents judiciaires et a été appréhendé en possession d'une arme, alors que cela lui était interdit.

«L'homme a été arrêté dans mon secteur où je vis et je fais mes commissions. J'aurais pu le croiser n'importe quand. Jamais je n'ai été avisé et j'ai découvert ça aux nouvelles», a-t-il déploré.

Version différente

La police de Montréal, qui gère le cas de Sylvain Beaudry, et Services correctionnels Canada n'ont pas voulu commenter le dossier ou confirmer quoi que ce soit. Selon certaines informations, Beaudry est retourné en prison parce que «sa libération conditionnelle a été révoquée en raison de plusieurs agissements et manquements à son contrat qui ont compromis sa sécurité au cours des derniers mois», nous a-t-on dit.

Sylvain Beaudry a été recruté au début des années 2000 par l'ancien policier Benoit Roberge, condamné le mois dernier pour avoir vendu des informations aux Hells Angels. Le délateur avait témoigné dans le procès Amigo, du nom de l'opération policière qui avait décimé les derniers résistants des Rock Machine devenus Bandidos, en 2002.

En février dernier, Sylvain Beaudry avait accordé une entrevue à La Presse dans laquelle il accusait Benoit Roberge et certains de ses collègues d'avoir fait des pressions indues et des menaces pour le recruter.

La semaine dernière, il en a rajouté en disant qu'il voulait retourner en prison pour avoir recours sans contrainte à un avocat dans le but de poursuivre le gouvernement pour manquements sécuritaires et agissements illégaux.

«J'ai respecté toutes les conditions, j'aurais souhaité qu'ils respectent les leurs et qu'ils soient garants de ma sécurité. Ils m'ont bafoué dans tous mes droits. Depuis le début de toute mon histoire, cela a toujours été sous la menace et la contrainte. Il n'y a rien qui a émané de moi, et jamais je n'ai voulu être délateur», dit-il.

La peine de Beaudry, qui a été condamné à 15 ans de pénitencier pour une série de crimes commis durant la guerre des motards, se terminera en octobre 2016.

Photo d'archives

Sylvain Beaudry, alors membre des Bandidos.