Après deux années de vaches maigres, la valeur des saisies de tabac a bondi de façon importante en 2013, a appris La Presse. Si, en 2012, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait saisi 3 017 936 $ en tabac, les marchandises interceptées en 2013 représentent 17 289 622 $.

Selon l'ASFC, ce résultat s'explique par le bon travail des agents. De son côté, le syndicat soutient que la frontière est une passoire.

«Les raisons qui expliquent ces statistiques impressionnantes sont simples: un travail exemplaire des agents aux points d'entrée, notre expertise grandissante dans la lutte contre la contrebande de tabac», a indiqué l'ASFC à La Presse.

Or, le Syndicat des douanes et de l'immigration, qui représente 11 200 agents de douane et d'enquête, ne partage pas cette interprétation.

Selon son président, Jean-Pierre Fortin, les agents font un bon travail, mais dans les faits, ils réalisent de moins en moins de saisies.

«Sur le terrain, les cigarettes passent par les réserves autochtones ou entre les postes de douane, et il n'y a à peu près personne pour les intercepter», soutient M. Fortin.

Les données de l'ASFC permettent effectivement de constater une diminution constante du nombre de saisies depuis 5 ans, qui est passé de 3168 en 2009 (d'une valeur de 11 014 963 $) à 2299 en 2013.

La valeur des saisies dépend de la qualité du tabac et du produit intercepté (cigarette ou tabac en vrac). Cela explique en partie pourquoi les valeurs interceptées ne suivent pas toujours la courbe du nombre de saisies.

«Ceux qui se font attraper sont bien malchanceux, on est comme un panier percé!», ajoute M. Fortin.

En avril 2012, Ottawa a annoncé l'abolition de 1351 postes à l'ASFC en 3 ans. Ainsi depuis 2012, ce sont 325 douaniers qui ont perdu leur emploi ainsi qu'une centaine d'agents d'information, selon le syndicat.

«Très peu de marchandises sont véritablement inspectées aux frontières, on se fie beaucoup à la bonne volonté et à la bonne foi des expéditeurs», ajoute Carlos A. Godoy, relationniste de la Coalition nationale contre le tabac de contrebande (CNCTC)

Les saisies sont essentiellement l'interception de cargaisons de tabac grâce à des informations des agents de l'ASFC ou de ceux de la Gendarmerie royale du Canada.

Le syndicat croit que l'avenir des services frontaliers passe par des agents beaucoup plus mobiles qui se déplacent entre les points d'entrée. Il demande également davantage de ressources pour accomplir son travail.

La CNCTC a, de son côté, déploré vendredi que les escouades régionales mixtes n'aient pas de mission spécifique de lutte contre la contrebande du tabac.