Accusé du meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna commis en novembre 2011 à Charlemagne, le caïd Raynald Desjardins a échoué dans sa tentative de recouvrer sa liberté en attendant la suite des procédures.

Comme il l'a fait avec le bras droit du caïd, Vittorio Mirarchi, il y a quelques mois, le juge Marc David de la Cour Supérieure a refusé la requête de Desjardins. Dans le box vitré du Centre de services judiciaires Gouin, l'accusé n'a pas paru surpris de la décision du magistrat, lui qui avait lui-même indiqué durant une entrevue avec un avocat de Passeport Canada qu'il n'était pas très optimiste quant aux chances de regagner sa liberté, compte tenu de ses antécédents criminels.

Une ordonnance de non-publication nous empêche de dévoiler le contenu des témoignages entendus lors de l'enquête. La Poursuite a fait entendre quatre policiers alors que la Défense a appelé à la barre la fille de Raynald Desjardins, Vanessa, l'ex-conjointe de ce dernier et l'accusé lui-même qui est détenu depuis son arrestation le 20 décembre 2011.

Le juge hausse le ton

La prochaine étape dans cette affaire sera la tenue, ou non, d'une enquête préliminaire. Les accusés du meurtre de Montagna: Desjardins, Mirarchi, Felice Racaniello, Calogero Milioto, Pietro Magistrale et Jack Simpson, sont divisés sur cette question et trois d'entre eux ont présenté une requête en Cour supérieure pour empêcher la tenue de cette enquête dont le clou sera les témoignages de 38 personnes, dont des membres influents de la mafia et des proches des clans Desjardins et Mirarchi, que la Couronne veut assigner à comparaître.

«L'enquête préliminaire doit se tenir le plus vite possible. Il n'est pas question que cette procédure interrompe le cours normal du procès», a prévenu le juge David qui a exigé que d'ici le 17 mai, chacun des six accusés prenne une position claire sur son désir de tenir une enquête préliminaire ou d'être cité à procès, le cas échéant.

Raynald Desjardins, qui n'est officiellement plus détenu au Centre Rivière-des-Prairies avec la plupart de ses coaccusés, mais plutôt à Bordeaux, avec les Hells Angels, a par ailleurs demandé d'obtenir un ordinateur pour faciliter la préparation de sa défense.

Selon la théorie de la police, Desjardins, Mirarchi, Montagna, Giuseppe De Vito, les frères Arcuri et d'autres membres influents du crime organisé ont voulu prendre les rênes de la mafia à la suite de la chute des Rizzuto en 2010, mais un conflit a fait voler en éclat cette alliance fragile au printemps 2011. Desjardins a été victime d'une spectaculaire tentative de meurtre à Laval en septembre suivant et Montagna a été assassiné lors d'un traquenard quelques semaines plus tard.