Un associé principal du prestigieux bureau d'avocats Norton Rose, Robert P. Charlton, a été accusé de harcèlement criminel et d'extorsion, à la fin de 2012, au palais de justice de Montréal.

Sa présumée victime est Hélène de Kovachich, présidente du Tribunal administratif du Québec (TAQ).

Ces deux acteurs importants de la scène judiciaire québécoise ont été mariés jusqu'en 2010.

L'avocat de l'accusé, Steven Slimovitch, s'est limité à affirmer qu'il s'agissait d'une «affaire familiale qui n'aurait jamais dû se retrouver devant les tribunaux». Il a bon espoir de voir son client acquitté par la Cour du Québec.

Joint chez lui, Me Charlton a refusé de s'expliquer. Les messages électroniques et vocaux laissés par La Presse sont restés sans réponse.

Conditions strictes

Selon les informations recueillies par La Presse auprès de la procureure de la Couronne responsable du dossier, Me Lucie Martineau, les faits reprochés à Me Charlton se seraient produits entre le 26 février 2012 et le 29 juin 2012.

Selon la dénonciation sur laquelle la poursuite se base, l'objectif de l'extorsion alléguée était de faire «accepter les recommandations de l'Aide-Mémoire du 12 mars 2012 à défaut de quoi une plainte sera déposée». La nature de cet «aide-mémoire» demeure inconnue, tout comme l'ensemble des circonstances de cette affaire.

Il a été interrogé par les policiers l'automne dernier, puis son dossier est passé devant un juge pour la première fois en décembre. Une comparution procédurale a eu lieu au début du mois de mars. Une autre comparution est prévue le 6 juin.

Il doit se soumettre à des conditions pour conserver sa liberté: ne pas communiquer avec Mme de Kovachich et ne pas se rendre près d'un prestigieux édifice résidentiel de la rue Sherbrooke, à Montréal. Pierre Marc Johnson, conjoint actuel de la présidente du TAQ, est inscrit à cette adresse dans le bottin du Collège des médecins.

L'accusation d'extorsion correspond à des menaces, des accusations ou de la violence dans le but de faire accomplir un geste à quelqu'un. Quant au harcèlement criminel, on reproche à Robert P. Charlton d'avoir agi de façon à faire raisonnablement craindre à sa victime «pour sa sécurité ou celle d'une de ses connaissances» en sachant qu'elle se sent harcelée ou sans s'en soucier.

Carrières prestigieuses

Hélène de Kovachich est présidente du TAQ depuis 2008.

Son mandat a été renouvelé quelques semaines avant le scrutin de septembre dernier, soit 10 mois avant son échéance. Ancienne attachée politique, Mme de Kovachich évolue dans les cercles libéraux et a même assisté au mariage de la fille de Jean Charest, l'été dernier, en France.

Elle s'est aussi impliquée dans l'association libérale de Westmount en 2004.

Robert P. Charlton, pour sa part, se présente comme un spécialiste du droit des affaires et des recours collectifs. «Comptant 30 ans d'expérience, il est intervenu dans le cadre de certaines des plus importantes causes au Canada», peut-on lire dans son profil officiel.

Il est associé principal chez Norton Rose, prestigieuse firme juridique internationale basée à Londres. C'est ce cabinet qui a avalé l'étude montréalaise Ogilvy Renault en 2011.