Non contents de contrôler par la terreur un petit parc de l'arrondissement de Saint-Laurent pour y vendre leur drogue, les 21 jeunes hommes arrêtés hier dans l'opération Painter auraient, entre autres fraudes, détroussé un multimillionnaire détenant un compte bancaire en Arabie Saoudite.

«Le groupe s'était donné comme appellation «Les 64», en lien avec l'autobus 64 qui traverse Saint-Laurent. C'était un gang de rue émergent, indépendant», précise le commandant de la Section des enquêtes multidisciplinaires et coordination jeunesse de l'ouest de Montréal, Martin Renaud.

Ce sont des citoyens exaspérés de ne pas pouvoir utiliser à leur guise le parc Painter qui se sont plaints des agissements du groupe aux policiers. «Les individus allaient jusqu'à empêcher les résidants de se rendre à la piscine du parc. Ils voulaient être tranquilles pour vendre de la drogue. Même les policiers ont déjà été encerclés par eux lors d'une intervention», poursuit le commandant Renaud.

Pas que de simples vendeurs

Mais en enquêtant sur ces jeunes, les limiers se sont rendu compte qu'ils ne faisaient pas que vendre des drogues en tout genre dans le parc Painter.

Ainsi, lors des 22 perquisitions de mercredi, en plus d'armes et de munitions, la police a trouvé chez ces hommes originaires du Moyen-Orient et dans la jeune vingtaine pour la plupart un équipement informatique sophistiqué permettant le clonage et la captation de données de cartes de crédit et de débit. Le gang s'en serait ainsi mis plein les poches aux dépens de consommateurs d'ici.

Mais c'est un énorme coup, à l'étranger, qui a surtout attiré l'attention des policiers. «Ils ont réussi à mettre la main sur des cartes donnant accès à un compte dans une banque d'Arabie saoudite. Des centaines de cartes donnant accès à ce compte ont été fabriquées et distribuées à travers le monde. Tous les détenteurs ont eu pour mot d'ordre d'aller à une date précise effectuer des retraits. Seulement au Québec et en Ontario, 4,5 millions ont été retirés de ce compte. Lorsque les banques nous ont avisés, nous avons reconnu nos individus sur les images des caméras de surveillance. Nous croyons qu'ils ont été complices d'une tête dirigeante que nous n'avons pas identifiée», explique le commandant.

Les jeunes faisaient beaucoup d'argent, comme en font foi les voitures de luxe dans lesquelles ils se déplaçaient, selon Martin Renaud. Onze de ces présumés fraudeurs ont comparu hier et doivent répondre à de nombreux chefs d'accusation liés à la fraude et au trafic de drogue.