Trois des quatre individus arrêtés le 19 mars pour avoir tenté d'introduire de la drogue au pénitencier de Drummondville étaient en libération conditionnelle depuis quelques jours à peine et ont élaboré leur plan en pleine maison de transition, a appris La Presse.

Bobby Sigman, 32 ans, et Jason Côté, 27 ans, ont respectivement obtenu un élargissement des commissaires québécois aux libérations conditionnelles le 11 et le 6 mars. Ils ont ensuite rejoint, au centre résidentiel communautaire (CRC) Radisson de Trois-Rivières, un troisième accusé dans cette affaire, Carl Roy, 25 ans, libéré d'office depuis le 21 février.

Fait à noter, Roy sortait du pénitencier de Drummondville lorsqu'il a été libéré, ce qui fait croire à nos sources que le remboursement d'une dette envers un détenu pourrait être le mobile de cette affaire.

Le soir du 19 mars, le trio et un autre individu, Steve Côté, 37 ans, ont été arrêtés par les policiers de la Sûreté du Québec sur le terrain et tout près du pénitencier de Drummondville. Les suspects auraient sectionné le treillis métallique d'une première clôture pour s'approcher de l'enceinte et lancer de la drogue dans la cour, selon la police. Ils ont toutefois été appréhendés et accusés de possession et trafic de cannabis, ainsi que d'introduction par effraction. Sigman fait également face à un chef de possession d'un instrument de type coupe-boulons.

Une opération planifiée

Les libérations conditionnelles de Sigman et de Côté ont été révoquées la semaine dernière, alors que celle de Roy a été suspendue.

Dans les décisions de révocation concernant Sigman et Côté, les commissaires provinciaux Alain Dionne et Jean Dugré écrivent que dans les jours précédant leur arrestation, une certaine association entre Bobby Sigman, Jason Côté et Carl Roy avait été observée à la maison de transition, «ce qui soulevait d'importants questionnements chez l'ensemble des intervenants».

On y apprend également que durant la journée du 19 mars, les suspects ont circulé quelques fois dans la rue de la Commune, près du pénitencier, pour faire du repérage.

Ils seraient revenus sur les lieux vers 20h40 et se sont garés. Deux d'entre eux auraient couru vers la clôture et pratiqué une ouverture avec des pinces. Ils ont ensuite marché sur le terrain de détention, avant d'être arrêtés. Dans leur véhicule, les policiers ont découvert des stupéfiants, des outils, des vêtements de rechange et un dessin qui ressemblait à un plan du secteur.

Sigman et Côté ont raconté aux commissaires qu'ils avaient quitté la maison de transition ce jour-là pour rendre service à Carl Roy, qui devait aller chercher de l'argent pour sa conjointe, et qu'ils ne connaissaient pas le but de cet arrêt à Drummondville. Mais les commissaires ne les ont pas crus.

«La Commission est plutôt d'avis que vous aviez planifié le tout en maison de transition et que vous rendiez service à Carl Roy pour un montant d'argent. Mais vous vous êtes fait prendre sur le fait», écrivent-ils dans leur décision concernant Côté.

Objets interdits

Selon le dossier de libération conditionnelle de Carl Roy, ce dernier a déjà été en possession d'objets interdits et de substances servant à la fabrication d'alcool frelaté en prison. En décembre 2011, les gardiens ont trouvé 100 grammes de tabac dans ses cavités corporelles.

Le CRC Radisson est un centre privé reconnu par les Services correctionnels du Canada et du Québec. Personne du CRC et du ministère québécois de la Sécurité publique n'a rappelé La Presse. Un porte-parole des Services correctionnels canadiens s'est refusé à tout commentaire en raison de l'enquête en cours.

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