Lorsqu'il a secoué ses deux bébés, en 1996 et en 2006, Benoît Martineau a fait preuve d'irresponsabilité et d'une grande violence. Depuis, il a fait du progrès, mais pas assez pour sortir du pénitencier.

C'est ce que la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) a conclu, mercredi, après avoir entendu la demande de libération de Benoît Martineau au pénitencier de Montée Saint-François, à Laval.

L'homme de 41 ans purge une sentence de 9 ans de pénitencier pour l'homicide involontaire de son premier fils, mort en 1996 à l'âge de trois mois, et pour voies de fait graves sur le garçon qu'il a eu dix ans plus tard avec une autre femme. Le bébé, âgé de onze semaines à l'époque, avait été gravement blessé.

Benoît Martineau a été arrêté en février 2006 après avoir secoué son deuxième fils, à Longueuil. Conduit à l'hôpital, le bébé souffrait d'une hémorragie cérébrale, d'un décollement de la rétine et d'une fracture un fémur datant de quelques semaines.

Interrogé par les services sociaux, Martineau a admis l'avoir secoué. Il a aussi avoué avoir fait subir le même traitement à son premier fils, mort dix ans plus tôt. À l'époque, il avait fait l'objet d'une enquête, mais aucune accusation n'avait été portée. Le syndrome du bébé secoué était moins connu des médecins.

Après avoir passé cinq ans au pénitencier, Benoît Martineau s'est adressé à la CLCC pour la première fois, mercredi, aux côtés de son agente de libération. Cette dernière a proposé de lui offrir une semi-liberté en l'envoyant en maison de transition pour les six prochains mois sous diverses conditions.

Les commissaires Anne-Marie Asselin et Renaud Dutil ont refusé sa demande. Ils ont reconnu qu'il a progressé au pénitencier grâce aux programmes de prévention en violence familiale. Par contre, il ont noté qu'il n'avait pas encore «vraiment intégré» ces acquis.

Les commissaires ont également tenu compte d'une évaluation psychologique menée en début d'année selon laquelle Benoît Martineau présente un risque de récidive violente «modéré» et un risque de violence conjugale «élevé». Martineau a admis avoir fait usage de violence psychologique avec ses ex-conjointes.

Enfin, les commissaires ont noté que Benoit Martineau avait importé illégalement du tabac en 2009 et qu'il a été pincé en possession de cigarettes et d'un exacto en 2011. Ces événements les laissent croire que ses «valeurs criminelles» sont encore «assez bien ancrées».

Comme le prescrit la loi, Benoît Martineau sera libéré d'office en septembre prochain lorsqu'il aura purgé les deux tiers de sa peine. Il devra respecter des conditions qui seront formulées par la CLCC jusqu'à sa libération complète, en 2016.

La mère de sa deuxième victime a salué la décision des commissaires à sa sortie de la salle d'audience. «Je suis contente qu'ils aient été conscients des dangers qu'il peut y avoir», a-t-elle dit. Advenant la libération du père de son fils, elle avait demandé qu'il lui soit interdit de s'approcher de chez elle.

Son fils garde des séquelles des agressions qu'il a subies, principalement sur le plan du langage. Aujourd'hui âgé de sept ans, il vient à peine de commencer à formuler des phrases complètes.