Jimmy Cournoyer attribue une partie de ses déboires à un avocat new-yorkais controversé, qui a certains liens avec le Québec. Me Stanley Cohen, surtout connu pour sa défense du Hamas, du Hezbollah et des trafiquants de drogue mohawks, a fait les manchettes en 1990 lorsqu'il s'est joint à l'organisation paramilitaire des Warriors aux barricades d'Oka, avant d'être arrêté par l'armée canadienne.

Me Cohen est reconnu comme un excellent avocat: il a gagné sa cause devant les tribunaux québécois. Il s'est aussi fait un nom en conseillant les Warriors dans les négociations avec le gouvernement québécois de Robert Bourassa.

De retour à New York, il a continué à accumuler les dossiers controversés de défense de mouvements armés en devenant conseiller pour des organisations accusées de terrorisme, comme le Hamas ou le Hezbollah. Comme il est d'origine juive, cela soulevait d'autant plus la controverse.

Mais Me Cohen est toujours demeuré très lié à certains Mohawks, notamment à Akwesasne, d'où provenaient plusieurs Warriors impliqués dans la crise d'Oka. Un long portait publié par le Washington Post au début des années 2000 mentionnait qu'il avait une conjointe dans la réserve.

Par ailleurs, une peinture saisie à Akwesasne chez un trafiquant représente Cohen aux côtés du trafiquant en question et de plusieurs personnages célèbres de films de gangsters.

Me Cohen a représenté au moins huit personnes soupçonnées ou accusées de trafic de drogue issues d'Akwesasne, qui auraient été impliquées dans le trafic de marijuana de Cournoyer et qui sont citées dans des documents judiciaires comme des «délateurs probables» contre Cournoyer. Or, l'avocat a aussi représenté un coaccusé de Cournoyer, ce qui a pu lui donner accès à la preuve du dossier en même temps qu'il négociait les ententes des «délateurs probables», selon un document présenté en cour par l'avocat de Cournoyer. Le document demande à un juge de se pencher sur la possibilité que le procès soit entaché par des conflits d'intérêts et par «l'utilisation d'un avocat corrompu pour amasser de la preuve».

Stanley Cohen n'était pas en mesure de parler à La Presse, mercredi. De son côté, le procureur de la Couronne au dossier, Steven Tiscione, a lancé une mise en garde selon laquelle les «spéculations» de la défense dans cette affaire se sont révélées «truffées d'erreurs» par le passé.