Au moment où le clan de Raynald Desjardins et ses alliés sont visés par une série d'attentats meurtriers, le contrôleur des armes à feu veut retirer le permis d'un proche du caïd en raison de ses liens présumés avec le crime organisé.

Giuseppe Bertolo, entrepreneur en construction de 50 ans, est un proche de Raynald Desjardins, selon la police. Il aurait également eu des liens d'affaires avec Gaétan Gosselin, assassiné devant chez lui mardi soir. Les noms de Bertolo et de la société Carboneutre ont aussi été associés à l'homme d'affaires Domenico Arcuri au début des audiences de la commission Charbonneau, l'automne dernier.

En novembre, La Presse a également révélé que Bertolo et Arcuri étaient présents à Laval en 2009 lors d'un petit-déjeuner de financement du Parti libéral, dont l'invitée-vedette était la ministre de l'Environnement de l'époque, Line Beauchamp.

Giuseppe Bertolo est aussi le frère de Giovanni «Johnny» Bertolo, directeur d'un local de la FTQ-Construction et trafiquant de drogue assassiné à Montréal en 2005. Johnny Bertolo était très proche de Raynald Desjardins, et son assassinat pourrait être l'un des éléments déclencheurs de la chute des Siciliens en 2010.

Rendre les armes

Le 26 septembre, Giuseppe Bertolo, qui s'adonne à la chasse, a reçu un avis du Bureau du contrôleur des armes à feu lui demandant de remettre son permis et ses armes. «Il n'est pas dans l'intérêt de votre sécurité ou de celle d'autrui que vous possédiez ce permis. Selon nos informations, vous maintenez des relations avec le crime organisé», écrit notamment le Bureau du contrôleur.

Mais plutôt que d'acquiescer, Bertolo, qui n'a pas d'antécédent criminel, a déposé une requête en Cour du Québec pour annuler l'avis. «Les motifs généraux et imprécis portent atteinte à la Charte canadienne des droits et libertés. Aucune information n'a été communiquée quant à la nature de la relation qu'aurait maintenue l'appelant avec le crime organisé», écrit son avocat, Me Anthony Francischiello.

La partie de bras de fer devant les tribunaux se poursuit. En attendant la suite du processus, Giuseppe Bertolo conserve son permis et ses armes.

Des précédents

Ce n'est pas la première fois depuis l'adoption de la Loi sur les armes à feu, en 1998, que le contrôleur des armes à feu envoie un tel avis à des individus ayant des liens, présumés ou avérés, avec le crime organisé.

«Le refus ou la révocation de permis se fait au besoin. C'est un système d'admissibilité continue. Si un événement policier se produit avec l'un de nos clients, ça va sonner une alarme. On va analyser le dossier et si les informations obtenues laissent croire que la personne ne devrait plus avoir de permis, on va le lui révoquer», a expliqué à La Presse Isabelle Boudreault, contrôleuse des armes à feu et inspectrice à la Sûreté du Québec.

Francesco Arcadi, ancien lieutenant de Vito Rizzuto condamné à la suite de l'opération Colisée, avait reçu un tel avis. Il l'a contesté et a réglé son dossier en vendant ses nombreuses armes de chasse à un tiers.

En 2004 et en 2005, le Contrôleur a également révoqué les permis de Gervais Massé, membre des Evil Ones, défunt club école des Hells Angels, et d'Alain Ruest, membre de la section de Québec des Hells Angels.