La tentative de meurtre sur le mafieux Giuseppe Fetta, hier, pourrait annoncer des Fêtes mouvementées à Montréal. C'est du moins ce qu'ont confié à La Presse des sources policières, judiciaires et du milieu criminel, qui rappellent que le fils aîné de Vito Rizzuto, Nick, a été abattu un 28 décembre, en plein jour et en pleine rue.

«Dans le milieu, on entend dire que plusieurs personnes vont recevoir un cadeau de Noël», nous a dit une source qui fréquente les cafés italiens.

«Le temps des Fêtes risque d'être chaud», a renchéri un juriste, qui s'appuie sur les meurtres et tentatives de meurtre ayant secoué la mafia à répétition depuis la sortie de prison du parrain déchu Vito Rizzuto, le 5 octobre - et particulièrement depuis le meurtre de l'influent mafioso Joe Di Maulo, le 4 novembre à Blainville.

Depuis ce meurtre, le crime organisé italien a été frappé par trois autres meurtres et deux tentatives de meurtre, dont celle commise hier contre Giuseppe Fetta. Tony Gensale, 43 ans, Mohamed Awada, 47 ans, et Emilio Cordileone, 50 ans, ont été tués; un remorqueur ainsi que Giuseppe Fetta ont quant à eux été victimes d'une tentative de meurtre, tous dans le même secteur du nord de Montréal, très chaud par les temps qui courent.

Même si tous ces crimes n'ont peut-être pas le même mobile, ils semblent tous avoir le même fil conducteur: l'instabilité dans le milieu criminel provoquée par l'absence d'un chef bien en selle.

Selon nos sources, certains profitent de cette instabilité pour régler des comptes, se venger ou faire le ménage. Des alliances se font, d'autres se défont. Des négociations sont en cours. Pendant que certains individus sortent de l'ombre et prennent de l'assurance, d'autres craignent pour leur vie et délaissent leurs activités, aussitôt reprises par d'autres, ce qui crée des frictions.

Avec PonyTail

La tentative de meurtre commise hier contre Giuseppe Fetta est un nouveau casse-tête pour les policiers, qui n'y voient pas toujours clair en ces temps de grande instabilité.

Fetta sortait de son véhicule lorsqu'il a été criblé de balles, boulevard Saint-Laurent, près de la rue Sauriol. Il était conscient lorsqu'il a été transporté à l'hôpital, où les médecins seraient parvenus à stabiliser son état.

Au début des années 2000, Fetta faisait partie d'un groupe d'hommes de main de la mafia et fréquentait assidûment le Consenza, quartier général des Siciliens, rue Jarry, ainsi que le café Laennec, à Laval. Il était le chauffeur et le garde du corps de Lorenzo Giordano, lieutenant du clan Rizzuto condamné à la suite de l'opération Colisée - et toujours détenu.

Fetta, qui a été filmé avec des acolytes en train de tester des armes semi-automatiques dans un garage durant l'enquête Colisée, a été accusé de possession d'arme et de gangstérisme.

Selon nos sources, Fetta aurait pris du galon au cours des dernières années et se serait rallié au redoutable chef de clan Giuseppe De Vito. Ce dernier, surnommé PonyTail, a été arrêté en octobre 2010, à l'issue d'une cavale de quatre ans. Selon des documents de cour, De Vito dirigerait maintenant son propre groupe et serait à couteaux tirés avec des membres du clan Rizzuto.

Des sources font également un lien entre la tentative de meurtre dont a été victime Fetta et le meurtre d'un autre homme de main de la mafia avec lequel il a travaillé, Ennio Bruni, tué au moment où il sortait du café Bellerose, à Laval, en septembre 2010.

Fetta est un dur de dur. En 2008, il a été attaqué par trois hommes pendant qu'il parlait au téléphone au Centre de détention de Montréal (Bordeaux). Il a fait fuir ses trois agresseurs. L'un d'eux a dû se lancer du haut du 2e étage, et s'est infligé une fracture ouverte.

Fetta et d'autres de ses acolytes étaient présents au bar Upperclub le soir du 24 octobre 2006 lorsque deux membres de gangs de rue, Jean-Patrick Fleury et Vladimir Nicolas, ont été tués puis projetés dans les escaliers de secours, à l'arrière de l'établissement.

Il se trouvait également au Moomba de Laval lorsqu'une étoile montante de la mafia, Mike Lapolla, a été tué en mars 2005.

Fetta a été propriétaire d'une entreprise qui faisait l'entretien ménager du Moomba, a-t-on appris devant la Régie des alcools, des courses et des jeux, en février dernier.

-Avec la collaboration de Vincent Larouche