Le dossier d'un Somalien arrivé enfant au Canada comme réfugié puis tombé plus tard dans la criminalité ne sera pas soumis immédiatement à une audience de expulsion, a statué une juge de la Cour fédérale.

Dans une décision écrite datée du 13 juillet, la juge Ann Marie McDonald a estimé que le représentant du ministre fédéral de la Sécurité publique n'avait pas tenu compte de la Charte canadienne des droits et libertés pour décider de soumettre à une audience de expulsion le cas d'Abdoul Abdi.

M. Abdi n'a jamais obtenu la citoyenneté canadienne pendant qu'il était en familles d'accueil en Nouvelle-Écosse. L'Agence des services frontaliers du Canada a arrêté le jeune homme alors qu'il venait de purger environ cinq ans de prison pour plusieurs infractions criminelles, y compris des voies de fait graves.

La juge McDonald a toutefois mis de côté la décision de soumettre son cas en vue d'une expulsion : elle a renvoyé l'affaire pour « nouvelle détermination » par un autre représentant du ministre de la Sécurité publique, qui devra tenir compte, cette fois, des droits de M. Abdi garantis par la Charte.

Abdoul Abdi, qui est né en Arabie saoudite en 1993, avait perdu sa mère dans un camp de réfugiés alors qu'il avait quatre ans. Il est venu au Canada avec sa soeur et ses tantes deux ans plus tard, et il a été pris en charge par la province peu après son arrivée.

Déplacé de foyers d'accueil en foyers d'accueil 31 fois, il a perdu sa langue maternelle et développé des problèmes de comportement qui, selon ses défenseurs, n'ont pas été traités adéquatement. Ces problèmes ont entraîné des ennuis avec la justice et comme il n'était pas citoyen canadien, il était menacé d'expulsion une fois sa peine purgée.