Un pédophile récidiviste a tenté d'acheter le silence de deux garçons agressés sexuellement à deux époques différentes en leur offrant des milliers de dollars. Le Montréalais Jacques Rochefort a été condamné à 30 mois de pénitencier pour des agressions sexuelles sur trois victimes dans les années 1970 et en 2010.

« Il choisissait des victimes vulnérables, des enfants en jeune âge, et il s'organisait pour créer les occasions pour s'adonner à ses pulsions », souligne la juge Marie-Josée Di Lallo dans sa décision rendue le mois dernier. La défense demandait une peine de prison discontinue de 90 jours, alors que la Couronne réclamait trois ans et demi de détention.

En 2010, Jacques Rochefort remporte un somme importante à la loterie et offre à la famille de sa victime de l'aider financièrement. C'est ainsi que l'homme de 76 ans tisse sa toile autour du garçon de 7 ans. Sa mère lui fait confiance, même si elle sait qu'il a purgé un an de prison pour une agression sexuelle en 1988.

Le pédophile profite d'une nuit pour faire deux fellations à l'enfant. Le lendemain, le garçon le dénonce. Pour acheter son silence, Jacques Rochefort lui donne 10 000 $ en dépôt à terme.

Une autre victime de l'accusé - maintenant à l'âge adulte - apprend l'agression subie par l'enfant. Il affronte son bourreau sur les agressions sexuelles qu'il a subies de 1969 à 1979. Jacques Rochefort lui offre 8000 $. Trois décennies plus tôt, c'est 7 $ qu'il lui avait offert en échange de son silence.

Rongé par le remords, Jacques Rochefort a dévoilé à son agent de probation qu'il avait agressé une autre victime de 1972 à 1976. L'enfant était âgé de 6 ans quand les agressions ont commencé. Ainsi, Jacques Rochefort a plaidé coupable en 2016 à des chefs d'accusation d'attentat à la pudeur, de contact sexuel et de grossière indécence.

FACTEURS AGGRAVANTS

Le jeune âge des victimes et la préméditation des agressions sont des facteurs « très aggravants » soulevés par la juge. « L'accusé connaissait sa problématique et il a préféré aller encore vers une victime vulnérable, un enfant de 7 ans, pour assouvir son besoin. Pour les autres enfants [dans les années 70], l'accusé connaissait sa déviance et il s'est quand même tourné vers eux à des moments différents dans sa vie », souligne la juge.

Jacques Rochefort entretient toujours une « fantasmatique déviante » qu'il tente de contrôler, selon son rapport sexologique. Néanmoins, son risque de récidive est jugé faible par la juge, notamment en raison de son âge et de son suivi thérapeutique.

À sa sortie de prison, il lui sera interdit de se trouver dans un lieu public où des enfants peuvent se baigner et d'obtenir un travail qui le placerait en relation de confiance avec des jeunes de moins de 16 ans. Il est également fiché à vie au registre national des délinquants sexuels.