Le tribunal vient de donner raison à un employé dans la restauration, qui alléguait avoir été congédié... parce qu'il avait réclamé le versement de son salaire.

Le Tribunal administratif du travail ordonne donc à l'employeur, une compagnie à numéro, de réintégrer dans son emploi Boumediene Belgueldouz et de lui verser, à titre d'indemnité, l'équivalent du salaire et des autres avantages dont l'a privé son congédiement.

L'employeur ne s'était même pas présenté au tribunal, le jour de l'audition de la cause. Les parties l'ont attendu en vain durant 30 minutes. La cause a donc été entendue en son absence.

M. Belgueldouz avait commencé son emploi à titre de serveur, le 3 janvier 2016, à un salaire de 9 $ l'heure, pourboires en sus, pour 40 heures par semaine.

Trois semaines après le début de son emploi, il avait réclamé son salaire à l'un des propriétaires, Abderrazak Elourzadi. Celui-ci lui avait répondu qu'il fallait un certain temps pour émettre la paie d'un nouvel employé.

La semaine suivante, toujours sans salaire, le travailleur avait réitéré sa demande d'être payé. M. Elourzadi lui avait alors remis 500 $ comptants.

Le travailleur s'était plaint du fait que la somme ne représentait pas la totalité de ses heures de travail. Il avait donc réclamé le salaire auquel il estimait avoir droit et avait réclamé d'être payé par chèque et de recevoir un bulletin de paie, comme prévu par la loi.

Il avait aussi réclamé que son employeur lui remette une lettre attestant son emploi, puisqu'il était prestataire de l'aide sociale et qu'il s'agissait là d'une exigence qu'il devait remplir.

Le 7 février, à la fin de son quart de travail, M. Elourzadi lui avait annoncé qu'il le congédiait.

Compte tenu du fait que l'employeur ne s'est même pas présenté à l'audience, le juge administratif Sylvain Bailly a simplement conclu qu'il y avait «concomitance entre le droit exercé et la mesure imposée» et que le travailleur avait bien déposé sa plainte dans les délais.

M. Belgueldouz «bénéficie donc de la présomption» prévue dans la loi «selon laquelle il a été congédié en raison de l'exercice d'un droit prévu par la loi».

«En raison de son défaut à comparaître, l'employeur a failli à son obligation d'établir une autre cause de congédiement qui soit juste et suffisante», écrit le juge administratif Bailly.

Il a donc ordonné à 9302-2846 Québec inc. et 9366-9828 Québec inc. de réintégrer M. Belgueldouz dans son emploi dans les huit jours suivant la décision et de lui verser l'équivalent de son salaire et des autres avantages dont l'a privé son congédiement.