Trois Canadiens qui avaient été torturés en Syrie et en Égypte au début des années 2000 ont reçu du gouvernement fédéral des indemnités totales d'un peu plus de 31 millions de dollars.

Le gouvernement libéral avait déjà annoncé en mars qu'après de longues négociations, Ottawa avait réglé à l'amiable les poursuites intentées par Abdullah Almalki, Ahmad Abou-Elmaati et Muayyed Nureddin. Les trois Canadiens reprochaient au gouvernement fédéral le rôle qu'il avait joué dans leur calvaire. Les trois hommes nient toute implication dans des activités liées au terrorisme, et aucun d'entre eux n'a été accusé de quoi que ce soit.

Comme le veut l'usage dans ce genre d'ententes à l'amiable, les parties ne divulguent pas les détails des indemnités. Mais dans des documents de comptes publics à Ottawa, on apprend qu'une somme de 31,25 millions a été versée à trois individus non identifiés. La Presse canadienne a pu faire confirmer qu'il s'agit bien de l'entente à l'amiable conclue avec les trois Canadiens victimes de torture.

Abdullah Almalki, un ingénieur en électronique d'Ottawa, avait été détenu pendant 22 mois en Syrie, à compter de 2002. Ahmad Abou-Elmaati, un ancien chauffeur de camion, avait pour sa part été arrêté en novembre 2001, alors qu'il se rendait en Syrie pour célébrer son mariage - qui n'a jamais eu lieu. Il a aussi été détenu et torturé en Égypte. Quant à Muayyed Nureddin, un géologue de Toronto, il avait été arrêté par les autorités syriennes en décembre 2003 alors qu'il entrait au pays à partir de l'Irak, où il visitait sa famille. Il avait été emprisonné pendant 34 jours, jusqu'au début de l'année suivante.

En octobre 2008, à l'issue de son enquête, l'ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci a conclu qu'en partageant des informations avec des agences de renseignement étrangères, des responsables canadiens avaient effectivement joué un rôle dans les événements qui ont conduit à la torture de MM. Almalki, Abou-Elmaati et Nureddin. M. Iacobucci a déterminé que la Gendarmerie royale du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité et le ministère des Affaires étrangères avaient tous commis des erreurs dans ces dossiers.

Au cabinet du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, on refuse de commenter les sommes versées, se contentant de dire que les trois victimes réclamaient au départ 100 millions en compensation.

En mars, le gouvernement fédéral avait présenté ses excuses aux trois hommes pour le rôle qu'auraient pu jouer des responsables canadiens relativement à leur détention et aux mauvais traitements subis à l'étranger, et pour toutes les séquelles qui en auraient résulté. «Nous espérons que les mesures prises aujourd'hui les appuieront, leur famille et eux, dans leurs efforts pour entamer un nouveau chapitre prometteur de leur vie», indiquait-on alors.