L'enquête Mâchurer visant le financement politique et l'octroi de contrats publics suit son cours et le commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, veut qu'elle soit «complète, ficelée et totale».

De passage à la commission parlementaire qui étudiait jeudi le projet de loi 107, qui ferait de l'UPAC un corps de police à part entière, M. Lafrenière s'est dit «complètement indépendant» du pouvoir politique quand on l'a questionné, entre autres, sur la façon dont il a été nommé à son poste et sur les raisons qui expliquent pourquoi l'enquête est si longue.

Mâchurer, qui vise notamment l'ancien premier ministre Jean Charest et Marc Bibeau, sera-t-elle terminée avant les prochaines élections? M. Lafrenière ne commente pas les enquêtes en cours, a-t-il dit, ajoutant que le travail de ses policiers a donné ces dernières années «des résultats éloquents». Depuis la création de l'UPAC, 179 individus ont été arrêtés, dont 77 ont été condamnés.

«Le projet de loi 107 m'apparaît être une avancée majeure pour le Québec. Il n'existe rien de tel au Canada», a affirmé M. Lafrenière, soulignant que le Québec serait un «précurseur» en cette matière s'il adoptait cette nouvelle pièce législative. 

Présentement, «l'autorité du commissaire est susceptible d'être remise en cause par des tiers», a expliqué le commissaire, puisque l'UPAC doit parfois demander des autorisations à la Sûreté du Québec, par exemple, pour débloquer certains budgets. Accorder de nouveaux pouvoirs à l'UPAC permettrait d'assurer son indépendance et son autonomie, a dit M. Lafrenière.

Un processus de nomination contesté

La question de la nomination du commissaire de l'UPAC divise toutefois les parlementaires, alors que le Parti québécois et la Coalition avenir Québec souhaitent qu'il soit nommé par l'Assemblée nationale dans un vote aux deux tiers. Au PQ, on en fait même un enjeu pour appuyer ce projet de loi qui doit, ajoute-t-on, viser à rassembler l'ensemble des parlementaires puisqu'il traite du pouvoir policier.

«On va résumer ça de façon très simple : le commissaire à l'UPAC est nommé par le Parti libéral et l'UPAC enquête sur le Parti libéral. Ça ne peut pas être plus clair que ça. [Les libéraux] veulent conserver ce pouvoir-là, ils veulent s'assurer de contrôler la police», a affirmé M. Bérubé en marge de la commission parlementaire. 

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, maintient malgré tout sa position initiale, c'est-à-dire que le commissaire à l'UPAC doit être nommé suivant des procédures analogues au processus de nomination du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), ce qu'avait d'ailleurs recommandé la commission Charbonneau dans son rapport.

«Je crois que la juge Charbonneau est une personne qui comprend bien ce type d'enjeux», a-t-il affirmé.