Au moins trois corps policiers ont été mobilisés pour faire la lumière sur les allégations du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, au sujet d'une enquête sur deux politiciens libéraux qui aurait été bloquée, a appris La Presse.

Le chef syndical avait provoqué une commotion à la fin avril en déclarant au micro de l'animateur Paul Arcand qu'il avait eu vent d'une enquête criminelle qui ciblait deux élus libéraux, dont un toujours en poste, et qui semblait bloquée pour des motifs politiques.

« On a de la filature. On a de l'écoute électronique. Il y a tout au dossier pour procéder », disait-il. Des gens lui auraient confié que « ce dossier-là, si ce n'est pas deux élus libéraux, les accusations sont déjà déposées à la Cour ».

M. Francoeur n'avait pas nommé les élus, mais il évoquait un présumé trafic d'influence impliquant un promoteur immobilier proche de la mafia, sans donner de preuves à l'appui.

Quelques jours plus tard, Québec avait ordonné la tenue d'une enquête criminelle sur ces allégations, afin de déterminer s'il y avait eu entrave à la justice.

Yves Francoeur avait confirmé en mai qu'il avait rencontré la Sûreté du Québec en compagnie de son avocate pour fournir une déclaration. Il n'a pas eu de nouvelles depuis.

DE L'AIDE DE LA GRC

Deux sources qui ont demandé à ne pas être nommées pour parler d'une enquête en cours ont confié à La Presse que du travail a été effectué dans le dossier au cours des derniers mois, même si on demeure à l'étape des vérifications.

La Sûreté du Québec est toujours chargée de l'affaire, mais elle a demandé de l'aide à au moins deux autres corps de police : des policiers du Service de police de la Ville de Québec ont participé à certaines des démarches, et ils étaient présents lors de la rencontre de M. Francoeur avec la SQ.

En parallèle, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'est aussi jointe à l'équipe pour fournir une assistance qui s'est avérée la bienvenue, selon nos sources. La police fédérale a mené des enquêtes d'envergure sur la mafia à Montréal depuis le début des années 2000. Elle dispose toujours d'une abondante preuve d'écoute électronique et de filature qui permettrait au besoin de contre-vérifier certaines allégations.

L'Unité permanente anticorruption (UPAC), qui a pourtant le mandat d'enquêter habituellement sur le trafic d'influence impliquant des élus, ne fait pas partie de l'équipe mixte d'enquêteurs affectée au dossier, selon nos informations.