Un individu que la police liait autrefois au défunt Gang de l'ouest, Jeffrey Colegrove, a écopé de six mois de pénitencier supplémentaires hier, pour avoir pris le large illégalement en 2011, huit jours seulement avant d'obtenir sa liberté conditionnelle totale.

Ce sont des policiers de l'ancienne section des stupéfiants de la région Ouest du SPVM, qui enquêtaient sur une affaire de trafic, qui avaient mis fin, un peu par hasard, à la longue cavale de Colegrove en 2014. Un suspect sous filature les avait mené à une résidence de Dollard-des-Ormeaux. En perquisitionnant cette dernière, ils sont tombés sur Colegrove. «Vous ne savez pas qui je suis », avait demandé le suspect, avec un air de défi.

«Non, nous ne sommes que des policiers de rue», avait répondu un enquêteur, sur un ton sarcastique.

Dans leur enquête, les policiers avaient notamment trouvé un kilo de cocaïne et des armes. Colegrove a été blanchi par un jury des chefs de possession d'armes, mais a été reconnu coupable de possession de cocaïne dans un but de trafic. Il a été condamné à douze ans de pénitencier en janvier.

Les six mois supplémentaires reçus hier pour l'évasion de garde légale en 2011 s'ajoutent à cette sentence. La Poursuite, assurée par Me Christina Igorov, demandait une peine d'emprisonnement supplémentaire d'un an et la Défense, assumée par Me Charles Shearson, suggérait une sentence de 60 jours, concurrente à celle purgée depuis janvier. La juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec a donc tranché la poire en deux.

Né aux États-Unis

Dans des documents judiciaires déposés en cour, on apprend que Colegrove est né à Nashville, au Tennesse. Il était le plus vieux d'une famille de six enfants, les autres étant toutes des filles. Son père aurait été dans les forces armées américaines et la famille a beaucoup bougé. Alors qu'il avait environ cinq ans, ses parents se sont séparés et sa mère et lui se sont établis à Montréal. Colegrove avait de la difficulté à l'école et il a décroché avant d'obtenir un diplôme de secondaire cinq. Lors d'un témoignage, il avait raconté que c'est son beau-père qui l'a initié au crime.

Sa carrière criminelle est précoce. Il a reçu sa première condamnation à l'âge de 19 ans, la première d'une série de 26 rendues depuis. Durant les années 90, un article de journal local de l'ouest de Montréal le décrivait comme le chef des Rebels, un sous-groupe du Gang de l'ouest, une organisation qui aujourd'hui n'existe plus selon la police qui préfère maintenant parler de crime organisé irlandais.

Dans son dossier, on dénombre également au moins trois évasions de garde légale. On ne sait pas ce que Colegrove a pu faire durant sa dernière cavale toutefois, des documents judiciaires américains le décrivent comme le patron d'un réseau qui aurait importé massivement de la marijuana au New Hampshire au début des années 2010. Selon les autorités américaines, son bras-droit aurait été Mihale Leventis, en attente d'extradition pour importation massive de marijuana vers les États-Unis. Leventis est aussi en attente de procès à la suite de son arrestation dans l'enquête Loquace, menée par la Sûreté du Québec contre un consortium de six individus et leurs employés qui auraient tenté de s'accaparer du monopole de la distribution de cocaïne au Canada en 2011.

Colegrove aurait également été le patron d'Elizabeth Barrer, une fugitive américaine qui s'est retrouvée sur la liste des personnes les plus recherchées aux États-Unis et qui a été assassinée à Montréal en 2014.

Les autorités le considèrent comme étant lié au crime organisé irlandais, à la mafia montréalaise et aux gangs de rue.

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