Un mandat d'arrestation a été lancé contre un imam jordanien soupçonné d'avoir tenu des propos haineux contre les juifs alors qu'il était l'invité d'une mosquée montréalaise cet hiver.

Le mandat a été autorisé la semaine dernière.

Selon le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, organisme à l'origine de la plainte initiale à la police, le cheikh jordanien Muhammad Bin Musa al-Nasr, Moh'd Moussa Hussein Nasr de son vrai nom, aurait appelé les fidèles montréalais de la mosquée Dar Al-Arkam, dans le quartier Saint-Michel, à tuer des juifs.

Jusqu'à « la fin des temps, lorsque les musulmans triompheront des plus vils de l'humanité [et] des démons humains, la pierre et l'arbre diront : "O musulman, O serviteur d'Allah, O musulman, O serviteur d'Allah, il y a un Juif derrière moi; viens et tue-le" », aurait dit l'imam lors d'un prêche prononcé en décembre et dont le contenu a été filmé, puis diffusé sur Internet.

Selon le mandat d'arrestation, dont La Presse a obtenu copie, l'homme a été inculpé d'avoir «fomenté volontairement la haine contre un groupe identifiable», ce qui est punissable en vertu de l'article 319 du Code criminel. Il est recherché par les autorités.

Au Centre consultatif des relations juives et israéliennes, on se dit rassuré par le dénouement de l'enquête menée par le Service de police de Montréal. «Ça montre que le système de justice fonctionne et qu'on prend très au sérieux les appels à la haine, que ce soit contre les juifs ou contre n'importe quel autre groupe», dit le Vice-directeur aux affaires publiques de l'organisme, David Ouellette.

Il ajoute : «Quand on parle de radicalisation, ça ne se passe pas seulement sur les réseaux sociaux. Il y a des responsables de lieux de culte ici qui invitent à semer la haine.»

Le Centre a déposé en février deux autres plaintes pour des événements semblables contre un imam du Centre islamique Al-Andalous de Montréal, Sayyed al-Ghitaoui, qui avait, selon l'organisme, «appelé à la destruction des Juifs». Pour l'instant, l'enquête n'a mené à aucune arrestation.