La saga judiciaire impliquant l'ex-maire de L'Assomption, Jean-Claude Gingras, en attente d'un procès criminel pour abus de confiance, pourrait coûter «jusqu'à 5 millions» aux contribuables de la municipalité, qui vont devoir acquitter pendant 10 ans une taxe spéciale, la «taxe Gingras», pour rembourser la facture, a appris La Presse.

Ceux-ci ont récemment reçu un compte de taxes avec la mention « frais juridiques » qui servira à renflouer les coffres de la Ville, en raison des poursuites et des démêlés de l'ex-maire qui a été visé par une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).

En moyenne, chaque contribuable devra payer de 25 à 50 $ par an, soit 1 cent par 100 $ d'évaluation, en fonction de l'évaluation de la propriété. La Ville espère ainsi recueillir 200 000 $ annuellement, en moyenne, avec cette contribution puisée à même les poches de ses contribuables.

Une facture revue à la hausse

Le trésorier de la municipalité, Dominique Valiquette, confirme que la facture liée aux frais juridiques dans l'«affaire Gingras» sera nettement plus salée que prévu.

«Il y a un an, dit-il, on estimait les coûts à 3,8 millions. On dépasse maintenant les 4 millions et on s'attend à un montant supplémentaire de plus d'un demi-million de dollars. Je ne serais pas surpris que ça approche les 5 millions quand cette saga va prendre fin.»

«On reçoit de nouvelles factures d'avocats tous les mois, et l'ex-maire n'a pas encore eu son procès pour qu'il soit déclaré incapable d'exercer sa fonction de maire de façon permanente, et il fait l'objet d'une plainte en déontologie de la Commission municipale du Québec», dit M. Valiquette.

Or, d'ici là, la Ville est tenue de payer ses frais juridiques. «On paie des deux bords, pour sa défense et pour nous défendre», relève le trésorier, qui rappelle avoir dû lui-même cumuler les postes de directeur général par intérim et de trésorier, alors que la crise sévissait à L'Assomption. «À un certain moment, évoque-t-il après coup, il y avait 50% des cadres en congé de maladie.»

Des réserves à sec



Pour sa part, le maire suppléant, Michel Gagnon, défend l'imposition de cette taxe impopulaire.

«On a agi de la sorte parce que nos réserves sont à sec, a-t-il soumis. On n'a rien voulu cacher. On fait preuve de transparence.»

Tout en se dissociant des agissements de l'ex-maire Gingras - l'ex-directeur général Jean Lacroix est également visé dans le dossier litigieux - , il déplore que «tout cet argent perdu inutilement aurait pu servir pour des trottoirs, des rues, de l'éclairage».

Rappelons que la Commission municipale du Québec a levé la tutelle qui pesait sur la ville en février 2017.