Trois policiers du Service de police de la Ville de Mirabel ont été blâmés sévèrement par le Comité de déontologie policière pour avoir mené une enquête « biaisée » en faveur d'un jeune conducteur ivre à la conduite dangereuse, écrivant même des « faussetés » dans leur rapport. Ainsi, aucune accusation n'a pu être déposée contre l'automobiliste, qui avait pourtant tenté de prendre la fuite au nez des policiers.

Le soir du 2 novembre 2012, un jeune homme circulait à vive allure avec trois personnes à bord dans un quartier résidentiel de Mirabel. Les agents Mathieu Binette et Nicolas Desjardins l'ont même vu « passer à la planche », sans toutefois l'arrêter. Peu de temps après, le jeune conducteur a manqué l'arrêt et s'est encastré dans un arbre, tout près de la fenêtre du sous-sol d'une résidence où dormait un bébé.

Quelques secondes avant l'arrivée des policiers, le chauffard a quitté la scène de l'accident dans un autre véhicule, mais il a été intercepté rapidement par un policier, à la demande de la chargée de relève Marie-Marthe Casséus. Selon les témoins et les ambulanciers paramédicaux, le conducteur sentait l'alcool à plein nez et marchait comme une personne intoxiquée. Des témoins ont également évoqué la présence de pot dans la voiture.

Dès cet instant, les policiers ont toutefois « agi de la pire des façons », soutient le commissaire dans sa décision du 30 mars dernier. Ceux-ci n'ont identifié aucun témoin dans le rapport, n'ont pris aucune photo de la scène, n'ont pas saisi la voiture et n'ont consigné aucun interrogatoire avec le suspect. De surcroît, les agents Binette et Desjardins ont « inscrit deux faussetés majeures dans la représentation des faits », notamment en ne déclarant aucun délit de fuite, une faute « très grave ».

Un «petit village»

« Ce n'est pas qu'une enquête incomplète qu'ils ont réalisée à l'égard de la conduite dangereuse, mais une enquête biaisée en faveur du conducteur à l'égard de l'alcool », a écrit le commissaire Mario Bilodeau dans sa décision initiale du 16 février. Selon la résidante de la maison où la voiture a terminé sa course, l'agent Binette lui aurait expliqué que Mirabel était un « petit village » et que le « jeune [était] repentant ». Le Comité trouve ainsi « dommage » que le jeune conducteur s'en soit tiré sans conséquence, alors qu'une « enquête complète aurait peut-être, si elle avait été réalisée, entraîné des accusations sérieuses ».

Les policiers Mathieu Binette et Nicolas Desjardins ont ainsi écopé de 25 jours de suspension, alors que l'agente Marie-Marthe Casséus a reçu une suspension de 30 jours en raison de sa position d'autorité. « Le Comité croit que l'attitude des policiers en minimisant, sinon en éliminant l'enquête, est source pour l'avenir d'un laisser-aller qui met en danger la sécurité publique. Cette façon de travailler ne peut que créer un sentiment d'impunité pour ceux qui, comme le conducteur de cette automobile, prennent les routes et, dans ce dossier, les rues comme des pistes de course », soutient le Comité de déontologie policière.