La GRC a admis, mercredi, qu'elle avait utilisé l'an dernier, dans le cadre de 19 enquêtes criminelles, la controversée technologie d'espionnage électronique qui semble faire fureur à Ottawa ces temps-ci, si l'on se fie à des reportages d'enquête de Radio-Canada.

Fait inusité dans le milieu très discret de la filature policière, le surintendant principal Jeff Adam, directeur général des Services d'enquêtes techniques à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a admis à Radio-Canada et aux quotidiens Toronto Star et The Globe and Mail, mercredi, que la police fédérale possédait 10 de ces appareils mobiles qui peuvent récolter des données dites «de haut niveau» sur l'emplacement d'un téléphone cellulaire.

Il semble que la GRC n'avait jamais admis jusqu'ici qu'elle utilisait ce type d'appareils, qui peuvent recueillir des métadonnées sur les téléphones cellulaires de citoyens.

Selon M. Adams, la GRC n'écoute pas le contenu des communications privées, conformément aux directives de la police fédérale et du gouvernement. L'officier rappelle cependant que ces appareils sont très utiles pour identifier et localiser des suspects qui font l'objet d'une enquête criminelle.

Radio-Canada a appris qu'un «capteur d'IMSI» («identité internationale d'abonné mobile») avait été utilisé récemment au centre-ville d'Ottawa - et donc près de la colline du Parlement et des ambassades américaine et israélienne, notamment. L'appareil agit comme une antenne cellulaire et détourne vers lui le signal pour obtenir l'IMSI, un identifiant unique qui peut ensuite être utilisé afin de suivre un téléphone et d'identifier son propriétaire.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a précisé mardi qu'il avait reçu l'assurance de l'état-major de la GRC et du service canadien d'espionnage que les deux agences n'étaient pas impliquées dans ces écoutes à Ottawa. Il a aussi indiqué que la police fédérale et le Service canadien du renseignement de sécurité menaient maintenant leur propre enquête à ce sujet.

Le ministre Goodale a admis que cette technologie est utilisée par les services de police et d'espionnage au Canada et ailleurs dans le monde. Il soutient cependant qu'au Canada, ces appareils doivent être utilisés dans le respect des lois, notamment celles qui protègent les renseignements personnels et la vie privée des citoyens.