Les avocats du juge qui avait demandé à une présumée victime d'agression sexuelle pourquoi elle n'avait pas «serré les genoux» soutiennent que ses propos étaient fondés sur l'ignorance.

L'équipe de la défense du juge Robin Camp a répondu vendredi au rapport d'un comité d'enquête du Conseil canadien de la magistrature qui recommande sa révocation.

Dans le document de 25 pages, ses avocats plaident qu'il ne s'est pas délibérément montré sexiste et qu'il mérite de demeurer sur le banc. Ils y soulignent ses remords et sa volonté à s'améliorer dans l'exercice de ses fonctions. Ils insistent sur le fait que, selon les précédents, une révocation ne devrait survenir qu'en dernier recours.

En novembre, le comité d'enquête de la magistrature avait conclu que la conduite du juge Camp avait «porté si manifestement et si totalement atteinte aux notions d'impartialité, d'intégrité et d'indépendance de la justice qu'elle ébranle suffisamment la confiance de la population pour rendre le juge incapable de s'acquitter des fonctions de sa charge».

Robin Camp a tenu ces propos controversés lors d'un procès qu'il avait présidé en 2014, alors qu'il était juge à la Cour provinciale, à Calgary. Il avait aussi déclaré que «le sexe et la douleur vont parfois de pair», interpellant même la plaignante en tant que «l'accusée» à plusieurs reprises.

Selon des transcriptions de l'audience, le juge a questionné les moeurs de la femme alors âgée de 19 ans et sans-abri, suggérant que ses tentatives de repousser son agresseur avaient été faibles.

Il avait finalement acquitté l'accusé, mais son verdict a été cassé en appel. Un nouveau procès s'est ouvert et devrait se conclure d'ici la fin du mois.

Les avocats du juge Camp font valoir qu'une révocation signalerait à tous les magistrats que des excuses sincères et une rééducation ne suffisent pas pour rétablir la confiance du public après s'être montré partial contre son gré.

«Le Conseil devrait s'appuyer sur les précédents, et non sur l'indignation du public, ou sur le climat politique, pour situer la conduite du juge Camp sur le spectre de l'inconduite judiciaire», ont-ils écrit, avançant que leur client serait un «atout» au banc.

Le Conseil devra décider de la recommandation à faire à la ministre fédérale de la Justice, Jody Wilson-Raybould.

Un juge qui a exhibé le slogan de Trump écarté

Par ailleurs,un juge d'Ontario qui serait entré en cour en arborant un chapeau où l'on pouvait lire le slogan de Donald Trump ne se voit plus confier de dossiers.

La porte-parole de la Cour de justice de l'Ontario, Kate Andrew, affirme que le juge Bernd Zabel n'entend plus de causes depuis le 21 décembre.

Elle n'a pas exposé les motifs de cette décision, précisant qu'aucun autre détail ne serait fourni à ce sujet.

Le quotidien The Globe and Mail avait rapporté que le 9 novembre dernier, soit le lendemain de la victoire électorale de Donald Trump, le magistrat était entré dans une salle d'audience avec un chapeau où l'on pouvait lire: «Make America Great Again».

Cet incident a soulevé des inquiétudes quant à l'impartialité du juge et a mené au dépôt de plaintes auprès du Conseil de la magistrature de l'Ontario, qui mène des enquêtes sur la conduite des juges nommés par le gouvernement provincial.

Bernd Zabel a qualifié l'incident de «manque de jugement» et aurait présenté ses excuses au barreau, aux cours, de même qu'à ses collègues.