Condamné pour une quinzaine de viols, Stéphane Duperron admet qu'il n'est pas prêt à être remis «sur l'asphalte demain matin.» Mais cette liberté, il y aspire un jour. L'homme de 50 ans craint de ne jamais y parvenir si on lui accole l'étiquette de délinquant dangereux, comme le demande la Couronne.

L'étiquette de délinquant dangereux peut entraîner une peine sans limite de temps, avec un minimum de sept ans à purger. Le dossier est ensuite réévalué aux deux ans par les libérations conditionnelles.

«Tout ce qui est criminel dangereux, c'est bien compliqué... Les gens qui ont ça, ils sortent à 80 ans... Il n'y a pas beaucoup de chance pour que quelqu'un se mette la tête sur le billot pour toi», a-t-il fait valoir, en faisant allusion aux possibilités de libération conditionnelle. 

M. Duperron convient qu'il est à risque élevé de récidive, bien que les fantasmes ne l'obsèdent plus comme avant. «Avant, j'avais tellement de fantasmes déviants, que je ne pouvais même pas me concentrer pour travailler. Là, je peux me concentrer pendant des heures pour travailler», a-t-il dit, en admettant qu'il a encore du chemin à faire.

Récidive

L'homme a écopé une peine de 18 ans de prison, en 1997, pour des viols. En 2009, il a obtenu une semi-liberté pour aller en maison de transition. Il s'est trouvé un emploi et avait une conjointe, une bénévole qu'il avait connue en prison.  Cette belle accalmie dans sa vie ne l'a pas empêché de récidiver, le 2 juin 2010. Il a violé une inconnue de 20 ans qui a eu la malchance de passer devant lui, dans un boisé de Sherbrooke. Il avait ensuite obligé la jeune femme à se nettoyer dans une piscine privée, pour faire disparaître son ADN. Il en restait tout de même un peu, ce qui a permis de remonter jusqu'à lui. Il a été arrêté en septembre 2010, et est détenu depuis. 

En 2012, M. Duperron a plaidé coupable pour ce viol, et le juge Denis Mondor doit maintenant lui imposer une peine. La procureure de la Couronne, Louise Blais, demande qu'il soit déclaré délinquant dangereux en raison de son parcours et du fait qu'il «n'est pas capable de contrôler ses pulsions.» Les programmes qu'il a suivis en prison ne l'ont pas empêché de récidiver, a-t-elle fait valoir. 

M. Duperron n'a suivi aucun programme depuis sa réincarcération. Il a signalé qu'il y avait une liste d'attente pour ces programmes, et qu'on priorisait ceux qui allaient sortir de prison dans un avenir rapproché.  

M. Duperron estime tout de même avoir appris des thérapies passées.

«Ceux qui disent que je n'ai pas d'empathie, j'aimerais qu'ils soient dans ma cellule le matin. J'y pense tous les jours.» Après son dernier viol, il dit avoir «pleuré pendant une semaine de temps.»

La suite des représentations sur la peine devrait avoir lieu le 19 décembre.