Une femme à qui un juge de l'Alberta a demandé durant un procès pour agression sexuelle pourquoi elle n'avait pas gardé ses genoux ensemble a confié avoir songé à se suicider après cette expérience.

Peinant à retenir ses larmes, la jeune femme a affirmé, mardi, que les remarques du magistrat Robin Camp l'avaient poussée à se détester elle-même et lui avaient donné l'impression qu'elle aurait dû faire quelque chose pour freiner son agresseur, qu'elle était en quelque sorte une fille facile.

Les commentaires faits par M. Camp alors qu'il était juge à la Cour provinciale de l'Alberta à Calgary en 2014 ont mené la Cour d'appel de l'Alberta à ordonner un nouveau procès pour l'homme qu'il avait acquitté dans cette affaire.

Les transcriptions des débats judiciaires montrent que le magistrat a exprimé des doutes concernant la moralité de la femme, qu'il a laissé entendre qu'elle n'avait pas vraiment tenté de repousser son agresseur et l'a appelée «l'accusée» durant tout le procès.

Il lui a également demandé pourquoi elle n'avait pas gardé les genoux ensemble, et ajouté que la douleur et le sexe allaient parfois de pair.

À l'occasion d'une audience publique sur l'avenir de Robin Camp dans la magistrature mardi, la jeune femme a déclaré s'en être voulu d'avoir laissé le juge lui parler de cette manière.

La demanderesse, dont l'identité fait l'objet d'une ordonnance de non-publication, a révélé avoir consommé de la drogue pendant des jours après le verdict.

Un comité du Conseil canadien de la magistrature doit déterminer si M. Camp devrait être démis de ses fonctions en raison des propos qu'il a tenus durant ce procès.

Si jamais le comité recommande le congédiement du magistrat, la décision définitive reviendra à la ministre fédérale de la Justice.