Québec refuse d'interdire les pitbulls sur son territoire comme le fait l'Ontario depuis 2005. Il renvoie la balle aux villes.

«C'est les municipalités qui ont le pouvoir de réglementation. Donc chaque municipalité peut réglementer», a affirmé le ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, lors d'un entretien avec La Presse, hier. Il a plaidé que sa Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal, adoptée l'an dernier, confie aux villes ce pouvoir réglementaire.

Néanmoins, cette loi stipule que le gouvernement a toujours le pouvoir d'adopter des règlements qui, de toute évidence, lui permettraient de bannir une race en particulier.

«Quand on a passé la loi sur le bien-être animal, le sujet [du pitbull] est venu. On a entendu les intéressés, dont l'Ordre et l'Association des vétérinaires. Et ils nous ont dit qu'on faisait la bonne chose en laissant le pouvoir réglementaire aux municipalités», a soutenu le ministre. Lors des consultations en commission parlementaire, Pierre Paradis avait posé une question sur les pitbulls à une occasion et il l'avait adressée à l'Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux.

Cette dernière s'était opposée à l'interdiction des pitbulls, estimant qu'il n'y a pas de «problème précis envers une race» à l'heure actuelle. «J'ai connu des pitbulls extrêmement gentils, puis j'ai connu des shih tzu extrêmement méchants en clinique. On ne peut pas dire qu'une race particulièrement est plus méchante qu'une autre», disait une porte-parole, Lucie Hénault.

DE NOMBREUSES VICTIMES

La Presse a publié au cours des derniers jours une série de reportages sur le pitbull, une race surreprésentée dans les statistiques sur les blessures causées par des chiens. L'été dernier seulement, une vingtaine d'enfants de la grande région de Montréal ont été défigurés par des chiens, dont des pitbulls.

«J'ai tout lu ça, sauf que je ne peux pas me substituer à l'autorité municipale qui est la mieux placée pour prendre cette décision-là» quant à l'interdiction d'une race de chiens, a réagi Pierre Paradis.

Or le maire de Montréal, Denis Coderre, a refusé de répondre aux questions de La Presse sur le sujet. La Ville de Bromont, qui se trouve dans la circonscription du ministre Paradis, vient quant à elle d'abroger un règlement interdisant les pitbulls sur son territoire deux mois à peine après l'avoir adopté, sous la pression de propriétaires de chiens et de vétérinaires, notamment. Elle a finalement opté pour une réglementation qui impose des obligations au propriétaire d'un animal déclaré «dangereux» par le service de police.

Photo Jacques Boissinot, archives La Presse Canadienne

Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture