La pratique de Delta Airlines consistant à exclure les passagers obèses de ses vols ou à les obliger à changer de siège ou à acheter deux places est discriminatoire et devrait être interdite au Canada, croit un résidant de Halifax qui milite pour les droits des usagers du transport aérien.

Gabor Lukacs a comparu, lundi, devant la Cour fédérale du Canada, disant aux trois juges présidant l'audience qu'il devrait avoir le droit de déposer une plainte au sujet de la politique de la compagnie aérienne américaine, et ce, même s'il n'était pas en surpoids.

Durant l'audience, M. Lukacs a affirmé que Delta faisait de la discrimination basée sur le poids, mais qu'elle pourrait aussi bien le faire par rapport à la couleur des yeux de ses clients.

Il a révélé que le transporteur demandait régulièrement aux passagers obèses de changer de siège, de prendre un vol de fin de soirée ou d'acheter deux places.

L'Office des transports du Canada (OTC) avait rejeté la plainte de Gabor Lukacs en novembre 2014, décrétant que ce dernier n'avait aucune qualité d'ordre privé ou public pour agir dans ce dossier puisqu'il n'était pas directement touché.

M. Lukacs a cependant fait valoir que refuser de traiter sa requête simplement parce qu'il n'était pas personnellement visé par la pratique de Delta revenait à ne pas tenir compte des inquiétudes de quelqu'un concernant de la nourriture contaminée sous prétexte que cette personne n'avait pas elle-même été empoisonnée par ces aliments.

«Ce que nous protégeons ici, c'est l'intérêt général, pas les intérêts particuliers. Le fait que le plaignant soit moi ou quelqu'un qui soit obèse n'a pas vraiment d'importance, a-t-il déclaré après l'audience. L'identité du plaignant n'est absolument pas pertinente puisque tout le monde est concerné par ce problème.»

Il a informé la Cour fédérale que la législation de l'OTC mentionnait clairement que n'importe qui avait le droit de déposer une plainte.

Gabor Lukacs a également soutenu avoir une solide expertise en la matière puisqu'il a présenté et gagné plus d'une vingtaine de plaintes auprès de l'OTC et, par conséquent, a permis à l'industrie de s'améliorer.

Selon lui, le fait que son nom apparaisse à 46 reprises dans les décisions de l'organisme fédéral témoigne d'un intérêt de longue date, véritable et durable pour les droits des usagers du transport aérien.

Les magistrats ont réservé leur décision pour une date ultérieure.

Un avocat représentant Delta a refusé de commenter l'affaire.