Québec estime que la poursuite de 330 millions $ déposée par un consortium mené par SNC-Lavalin dans le dossier du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) n'est qu'une tactique pour aller chercher plus d'argent.

«Ça ne m'impressionne pas beaucoup, a lancé vendredi le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, au cours d'un entretien téléphonique. Nous allons payer (les sommes supplémentaires) justifiées, et nous ne paierons pas ce qui ne l'est pas.»

Formé par SNC-Lavalin et Innisfree, le Groupe infrastructure santé McGill (GISM) veut être dédommagé pour les sommes additionnelles engagées dans la conception et la construction du complexe hospitalier de 1,34 milliard $ qui a ouvert ses portes l'an dernier.

Déposée auprès de la Cour supérieure, la poursuite de 30 pages fait également état des coûts reliés à la gestion et l'entretien du site jusqu'au 30 septembre 2044.

À la fois le CUSM et le gouvernement du Québec - qui a octroyé le contrat au terme d'un appel d'offres en partenariat public-privé (PPP) - sont visés par cette démarche, qui, selon GISM, devenait inévitable après «plus de deux ans de négociations infructueuses».

Le CUSM n'a pas voulu commenter, préférant laisser au gouvernement Couillard le soin de répondre aux questions.

Compte tenu de l'envergure du projet, il est normal que le consortium réclame des sommes excédentaires, concède M. Barrette. Toutefois, exiger près du double du montant de 172 millions $ présenté il y a quelques années est une «situation classique de négociation».

«Manifestement, le consortium a un objectif de 172 millions $ et nous arrive avec un montant faramineux et pense qu'en raison de la poursuite, il obtiendra 172 millions $, une somme avec laquelle nous ne sommes pas d'accord», a-t-il dit.

Le ministre de la Santé s'est dit surpris par le dépôt de cette poursuite, ajoutant être ouvert à un règlement à l'amiable si l'entreprise accepte une somme qui cadre avec le montant de contingence associé au projet.

«C'est une perte de temps et d'argent, a dit M. Barrette. On nous présente une poursuite largement injustifiée. Cela ne me fera pas bouger.»

Le GISM précise que les coûts additionnels sont liés aux nombreux changements demandés par le CUSM au complexe, au-delà de ce qui était prévu à l'entente.

Il donne en exemple la pharmacie centrale du complexe, dont la superficie a doublé comparativement à ce qui était prévu dans le contrat initial, ainsi que des changements importants apportés au bloc opératoire.

Le consortium allègue que le CUSM a également été incapable de fournir en temps opportun des renseignements sur l'aménagement et l'équipement destiné au complexe.

«En résumé, le CUSM a abusé de sa position de force en vertu de l'entente afin de contraindre GISM à accepter d'exécuter toutes ses demandes de modification et de bonification sans lui payer l'indemnisation à laquelle (le consortium) avait droit», peut-on lire dans le document.

Ce controversé chantier a été qualifié dans le passé de «la plus grande fraude de corruption de l'histoire» au Canada par l'Unité permanente anticorruption en raison des allégations à l'effet que d'ex-hauts dirigeants de SNC-Lavalin auraient versé 22,5 millions $ en pots-de-vin afin de décrocher le contrat.

L'affaire est actuellement devant les tribunaux.