Plus de trois ans après un meurtre survenu à la sortie de l'ex-bar Addiction, sur la promenade du Portage, à Gatineau, un homme de 22 ans tente de faire cesser les procédures judiciaires entamées contre lui.

Mourad Louati, en détention préventive depuis 2013, s'est adressé au tribunal, jeudi, au palais de justice de Gatineau.

Son avocat, Me Joseph Addelman, a évoqué des « délais institutionnels », provoqués par ce qu'il décrit comme les lenteurs du système judiciaire en Outaouais et au Québec. Il a cité le manque de juges, les longues procédures, la lourdeur du système, et une divulgation complète de la preuve 10 mois après l'arrestation du prévenu.

Selon la défense, un témoin clé pourrait avoir des trous de mémoire lors de l'éventuel procès, prévu pour le début du mois de mai, jusqu'en juin prochain.

La défense affirme avoir collaboré au bon déroulement du processus judiciaire, liant cette attente au ministère public et à l'encombrement du système.

De son côté, la procureure de la Couronne, Me Diane Legault, a réfuté une partie de ces arguments, mettant certains délais sur le dos de la défense.

Mourad Louati est accusé du meurtre non prémédité de Sheldon O'Grady. Ce dernier a été tué à l'arme blanche à la sortie de l'établissement de la promenade du Portage. Si le tribunal confirme que le préjudice contre M. Louati est trop élevé, ce dernier pourrait être libéré de l'accusation, et de la prison. La loi prévoit qu'« un individu a droit à un procès juste et équitable, dans des délais raisonnables ».

Le principal intéressé a témoigné, jeudi, lors de la présentation de sa demande en arrêt des procédures. Il a dit souffrir derrière les barreaux, puisqu'il ne reçoit pas tous les soins de santé requis pour traiter son anxiété. Il a aussi parlé de ses conditions de détention, affirmant avoir eu à se défendre face à d'autres prisonniers, en utilisant entre autres un pic artisanal.

Chef d'unité de la prison de Gatineau, David Gosselin a présenté à la juge Catherine Mandeville 38 cas disciplinaires reliés à M. Louati. Les incidents vont de la menace à la bagarre, en passant par des insultes et des invitations au combat avec des agents correctionnels. M. Louati a fait le tour des prisons provinciales du Québec, d'Amos à Saguenay, en passant par Québec. Selon M. Gosselin, le détenu « ne passait plus » auprès des autres codétenus, à cause de son caractère imprévisible. La situation s'est résorbée depuis le mois de décembre.

La juge Mandeville fera connaître sa décision dans les prochaines semaines.