Les cas allégués d'agressions sexuelles et d'abus de pouvoir commis par des policiers de Val-d'Or sur des autochtones ne sont que la pointe de l'iceberg, a affirmé jeudi la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett.

La ministre et sa collègue au Patrimoine, Mélanie Joly, étaient de passage à Québec pour prendre part à une table ronde avec des membres des familles de femmes autochtones disparues ou assassinées. C'était la neuvième consultation publique depuis que le gouvernement Trudeau a annoncé la tenue d'une commission d'enquête nationale. La prochaine aura lieu à Montréal.

Selon la ministre Bennett, un constat émerge déjà: les allégations visant des policiers de Val-d'Or ne sont pas un cas isolé.

«Nous percevons le cas de Val-d'Or comme le symptôme d'un problème beaucoup plus grave, a-t-elle déclaré en conférence de presse. Nous voulons aller à la racine de ce problème beaucoup plus grave.»

Aucun résidant de Val-d'Or n'a pris part aux consultations à Québec jeudi, mais certains s'étaient rendus à une table ronde précédemment organisée à Ottawa.

Mme Bennett affirme que, partout au pays, des autochtones ont dénoncé les agissements de policiers qui avaient la tâche de les protéger. Certains ont eu l'impression que les forces de l'ordre n'enquêtaient pas adéquatement sur la disparition ou l'assassinat de leurs proches. Dans d'autres cas, ils auraient carrément participé à des crimes contre des autochtones.

«La communauté féministe de ce pays ne croit pas que le racisme et le sexisme de la police ne soient seulement le fait de quelques pommes pourries, a dit Mme Bennett. Il y a un problème systémique qui touche le recrutement, l'entraînement.»

«C'est une question de savoir comment nous allons réparer cette institution très importante à laquelle tous les Canadiens doivent faire confiance», a-t-elle ajouté.

Peu après son entrée en fonction, Mme Bennett avait invité Québec à tenir sa propre enquête sur les allégations de Val-d'Or. Des pourparlers sont en cours pour définir le mandat précis de la commission d'enquête fédérale, et comment elle se conjuguerait aux travaux de Québec dans ce dossier.

La ministre Bennett a toutefois laissé entrevoir un mandat large pour la commission fédérale.

«Nous voulons que cette enquête soit inclusive de toutes les personnes et toutes les familles qui ont l'impression de faire partie de ce continuum de violence envers les femmes, dont les symptômes les plus laids sont les cas de femmes disparues ou assassinées», a-t-elle dit.

Québec a annoncé en octobre que huit policiers visés par des allégations d'abus de pouvoir ont été placés en « retrait administratif » dans la foulée d'un reportage d'Enquête. Un autre ex-policier, visé par des allégations d'agressions sexuelles, est décédé.

Le directeur par intérim du poste de la SQ à Val-d'Or a été remplacé et l'enquête a été confiée au Service de police de la Ville de Montréal.

La Sûreté du Québec a plus tard annoncé que les voitures de patrouille de ce poste seraient munies de caméras. Québec a par la suite mandaté une spécialiste du droit international, Fannie Lafontaine, pour intervenir à titre «d'observatrice» de l'enquête.