Estimant qu'il s'agit d'une «tragédie nationale», le gouvernement Trudeau a jeté les premières bases mardi d'une commission d'enquête sur l'assassinat et la disparition des femmes et jeunes filles autochtones au pays.

Afin de faire les choses «correctement», le gouvernement libéral tient à rencontrer les survivantes, les familles et les proches des victimes ainsi que les représentants des organisations autochtones nationales, des provinces et des territoires pour obtenir leur de cloche quant au mandat précis de la commission.

La ministre des Affaires autochtones et du Nord Carolyn Bennett, et sa collègue de la Justice,  Jody Wilson-Raybould, de même que la ministre de la Condition féminine, Patty Hajdu, dirigeront elles-mêmes ces rencontres, qui se veulent la première phase des travaux de la commission.

Cette première phase devrait prendre au moins deux mois et permettre aussi de choisir le commissaire qui devra présider la commission, a indiqué la ministre Bennett en conférence de presse.

Elle a précisé qu'une telle enquête nationale, promise par les libéraux durant la campagne électorale, «peut seulement être définie une fois que ceux et celles qui sont directement touchés se seront exprimés».

«Les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées représentent une tragédie nationale bouleversante sur laquelle il faut immédiatement se pencher. L'inaction est terminée. C'est pourquoi nous devons entendre la voix de tous les Canadiens, en particulier celle des survivantes, des familles et des proches des victimes, des organisations autochtones, ainsi que des provinces et des territoires, et ce, afin de déterminer le meilleur processus à suivre dans le cadre de cette enquête», a indiqué la ministre Bennett.

Au pouvoir, les conservateurs de Stephen Harper avaient opposé une fin de non-recevoir catégorique à la demande de mettre sur pied une commission d'enquête nationale. Maintenant qu'ils sont sur les banquettes de l'opposition, les conservateurs se montrent favorables à cette idée.

Le NPD, pour sa part, avait aussi promis une telle commission nationale durant la campagne électorale. Parmi ses 94 recommandations, la Commission de vérité et réconciliation avait proposé la tenue d'une commission d'enquête.

Devant les journalistes, mardi, la ministre de la Justice a rappelé certaines statistiques sombrent: les femmes autochtones forment 4% de la population féminine du Canada, mais elles représentaient 16% des femmes assassinées au Canada entre 1980 et 2012. Pis encore, elles sont trois fois plus susceptibles de signaler être victimes de violence que les femmes non autochtones.

«Les demandes ignorées quant à la tenue d'une enquête nationale sur la question des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées au pays prennent fin aujourd'hui. La mise sur pied de cette enquête représente une avancée importante vers l'établissement d'une relation de nation à nation et la restauration du lien de confiance entre le gouvernement du Canada et les Autochtones au Canada», a indiqué la ministre  Wilson-Raybould.

Le NPD a salué cette annonce du gouvernement Trudeau, tout comme les représentantes des femmes autochtones.

En campagne électorale, les libéraux avaient indiqué que cette commission nationale pourrait prendre jusqu'à deux ans pour mener à bien son enquête.