Les policiers de Longueuil ont été surpris en apprenant que la Couronne refusait de déposer des accusations contre l'homme qu'ils croient coupable du meurtre de Jenique Dalcourt et contre qui ils avaient bâti un dossier pendant 13 mois.

Le patron des enquêteurs du corps de police a relaté à La Presse que ses troupes et lui avaient vécu un «certain étonnement» en apprenant la nouvelle, jeudi.

«Après un an d'enquête acharnée, avec une équipe d'enquêteurs chevronnés au dossier, qui avaient accumulé considérablement de preuves, de témoignages, on était rendus à une étape où on se devait de déposer le dossier, a expliqué l'inspecteur-chef Jean-François Robert. On est allés all in.» Des expertises à l'étranger ont même été requises.

Jean-François Robert a ajouté qu'il respecte la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Ce dernier a annoncé jeudi que le dossier soumis par le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) «ne comporte pas les éléments essentiels suffisants pour porter de telles accusations» de meurtre. La Couronne «ne cherche pas une condamnation à tout prix et doit éviter de porter des accusations si la preuve est insuffisante».

Le corps de Jenique Dalcourt, 23 ans, a été retrouvé sans vie dans un parc de Longueuil en octobre 2014. Elle revenait chez elle après une journée de travail.

Selon les informations qui ont filtré, la jeune femme a été battue à mort et abandonnée près d'une piste cyclable à l'éclairage déficient. Le crime avait choqué par sa violence et son caractère aléatoire.

Un seul suspect

Depuis le début de l'enquête, les indices recueillis par le SPAL pointent en direction d'un seul et unique individu, a confirmé Jean-François Robert hier. «Toutes les avenues qui ont été analysées nous mènent vers cet individu, a-t-il dit. Et c'est contre cette personne que la demande d'accusation a été déposée.»

Cette personne a déménagé depuis les faits, a confirmé le policier. Il n'a toutefois pas voulu dire si elle avait quitté la province ou le pays.

Jean-François Robert a aussi défendu ses troupes face aux révélations de La Presse quant aux erreurs qui auraient marqué l'enquête depuis l'automne dernier: une scène de crime mal protégée et une opération d'agent double improvisée auraient nui à l'enquête.

«La scène n'a pas été contaminée, la scène n'a pas été bâclée, a assuré l'inspecteur-chef. Est-ce qu'on referait les choses différemment? Possiblement que oui. Dans chacun des dossiers d'enquête qu'on travaille, on s'améliore. Et ce serait prétentieux de dire qu'on ne modifiera pas nos façons de faire. [...] Il y a toujours place à l'amélioration.»

Hier, la famille endeuillée de Jenique Dalcourt demeurait silencieuse.