L'ancien bunker des Hells de Sherbrooke, dernier vestige de la guerre des motards des années 1990, est dans la ligne de mire du gouvernement.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales a déposé une requête mardi devant le juge James L. Brunton de la Cour supérieure pour confisquer le bâtiment et le terrain, situé sur la rue Wellington à Sherbrooke, ainsi que des terrains et immeubles enclavés et attenants qui appartiennent à des compagnies dont les propriétaires sont ou ont été des membres des Hells Angels.

Dans sa requête de 27 pages dont La Presse a obtenu copie, le DPCP soutient que le bâtiment est un bien infractionnel puisqu'au fil des années, des crimes y ont été commis aux profits de l'organisation.

Le DPCP rappelle que dans le cadre des procédures de SharQc, 21 membres des Hells Angels et leurs sympathisants ont admis y avoir fait de la surveillance armée durant la guerre des motards, et y avoir consulté et caché des photographies et des renseignements sur les ennemis.

Fait à noter, 15 de ces 21 individus ont présenté une requête en Cour d'appel vendredi dernier, pour demander la permission de retirer leur plaidoyer et obtenir l'annulation de leur condamnation.

Le DPCP souligne toutefois également que lors de cinq perquisitions effectuées au local entre 1995 et le jour de l'opération SharQc le 15 avril 2009, des armes y ont été saisies chaque fois, et de l'argent dans certaines occasions.

Une forteresse

Québec fait valoir également que le bâtiment était fortifié et sécurisé par des systèmes de caméras, de détecteurs de mouvements, de verrouillage électrique des portes, une salle de contrôle et des clôtures. De plus, l'accès au repaire par la route était contrôlé par une barrière et était aussi rendu difficile à l'autre extrémité du terrain où un boisé était franchi par les initiés seulement, dont au moins un Hells Angels qui était en libération conditionnelle et qui ne voulait pas se faire voir par les policiers.

Dans le document, on fait également état d'un bâtiment séparé du bunker où se trouvaient trois tables pliantes et une vingtaine de chaises, et qui servait visiblement à des réunions.

Au printemps dernier, le juge André Vincent de la Cour Supérieure a ordonné la confiscation des bunkers des quatre autres sections des Hells Angels à Sorel (Montréal), Longueuil (South), Québec et Trois-Rivières.

Visiblement, le DPCP attendait la fin du procès SharQc pour réclamer la confiscation du dernier. Deux autres bunkers à Saint-Nicolas (Québec) et à Saint-Basile-le-Grand (South) avaient également été confisqués en 2003 et 2004.

La requête sera débattue la semaine prochaine au Centre de services judiciaires Gouin.

Selon nos sources, les deux chapitres actifs des Hells Angels au Québec, Montréal et South, de même que les trois sections inactives, Trois-Rivières, Québec et Sherbrooke, n'auraient plus de local officiel. En revanche, certains de leurs club-écoles et supporteurs en possèdent. Rappelons qu'au cours de la dernière année, les villes de Chambly et de Delson sur la rive sud de Montréal ont évincé des motards qui s'étaient installés dans leur parc industriel respectif.