Un homme de Québec à qui un gros lot de 13,5 millions $ a échappé de quelques secondes tente d'intenter un recours collectif contre Loto-Québec et ses billets à mises-éclair.

Joel Ifergan a déposé une requête en Cour supérieure mercredi dernier pour demander l'autorisation de poursuivre un recours collectif contre la société d'État.

Dans les documents de cour, M. Ifergan indique que lorsque quelqu'un achète un billet à mise-éclair - avec des chiffres sélectionnés aléatoirement - ces chiffres sont subséquemment retirés de la base de données de combinaisons disponibles pour les autres clients.

La requête cite le témoignage d'un dirigeant de Loto-Québec lors d'une autre poursuite intentée par M. Ifergan. Denis Daly expliquait que toutes les combinaisons de chiffres créées aléatoirement sont replacées dans le système seulement après trois à quatre tirages, lorsque la base de données est «rebrassée».

Combinaisons gagnantes retirées

Or, selon M. Ifergan, cela signifie que des millions de combinaisons gagnantes sont retirées du même coup pour ceux qui laissent les machines choisir leurs chiffres au hasard et qui choisissent des billets à mises-éclair.

Il espère pouvoir mener un recours collectif au nom de tous les clients qui ont acheté ces billets vendus par Lotto Max, et son prédécesseur, Super 7, depuis 2005 - avec la possibilité de l'étendre vers d'autres loteries.

M. Ifergan croit qu'un tel système n'est pas en place ailleurs au Canada et qu'il nuit aux clients québécois qui n'ont plus accès aux combinaisons de chiffres qui ont déjà été pigées.

«La façon dont cela fonctionne nous désavantage comme consommateur québécois pas seulement contre les consommateurs dans le reste du Canada, mais aussi contre les autres consommateurs québécois qui choisissent leurs propres chiffres», a affirmé M. Ifergan en entrevue avec La Presse Canadienne.

Son avocat David Bourgoin compare la situation à «jouer aux cartes, mais avec un jeu incomplet».

Me Bourgoin a soutenu que la requête se basait sur les lois de protection du consommateur et sur le fait que ces «chiffres manquants» constituaient une «information importante» qui n'a pas été révélée aux acheteurs.

«Avant d'acheter un billet, (Loto-Québec) aurait dû informer les gens qu'il y a des chances qu'ils n'auront aucune chance de gagner», a-t-il déclaré.

Les allégations contenues dans la requête n'ont pas passé le test des tribunaux.

Dans un courriel, le porte-parole de Loto-Québec Patrice Lavoie a écrit que la société d'État était «confiante» pour la suite des choses à la lumière des jugements précédents qui ont été tranchés en sa faveur.

Pas son premier litige

Joel Ifergan n'en sera pas à son premier litige judiciaire contre Loto-Québec. En 2008, il avait acheté un billet qui s'est avéré être le gagnant du gros lot - qu'il n'a pas pu réclamer puisqu'il avait été imprimé sept secondes après 21 h, l'heure maximale pour le tirage de la semaine. Son billet gagnant avait donc été daté pour la semaine suivante.

Il avait porté sa cause devant les tribunaux, arguant que c'est un délai dans le système informatique de Loto-Québec qui avait causé cette confusion. Il a perdu sa cause en Cour supérieure, en 2012, et à la Cour d'appel deux ans plus tard. En janvier dernier, la Cour suprême du Canada avait refusé de se saisir du dossier.