Après dix semaines de bataille rangée entre le Barreau et sa bâtonnière suspendue, cette dernière a rendu les armes: Lu Chan Khuong a annoncé mardi qu'elle abandonnait ses fonctions, tout en avertissant qu'elle repartirait à la conquête de son poste en 2017.

L'avocate se défend toujours d'avoir commis un vol à l'étalage l'an dernier à Laval, mais dit accepter de lâcher prise pour protéger son ordre professionnel.

«Je veux [partir] temporairement et permettre au Barreau de passer à autre chose, a-t-elle expliqué au réseau TVA. Je reviendrai, je reviendrai.»

Les deux camps opposés ont annoncé par voie de communiqué qu'ils s'étaient entendus: «Les parties tiennent à déclarer qu'elles regrettent le tort que leur différend a pu causer au Barreau, une institution qui joue un rôle essentiel dans notre société et qui leur tient profondément à coeur ainsi qu'aux membres de cet ordre professionnel», ont-ils déploré.

C'est Claudia Prémont - une administratrice du Barreau que plusieurs décrivent comme une alliée de Me Khuong - qui occupera ses fonctions pour le reste du mandat prévu. Me Prémont n'a pas pris part à la suspension de la bâtonnière en juillet dernier et n'était donc pas poursuivie.

Le communiqué conjoint indique d'ailleurs que la démissionnaire a «reçu l'assurance que le programme pour lequel elle a été élue sera pris en considération et, dans la mesure du possible, mis en oeuvre».

La tête dans les mains

Mardi, le Barreau et le clan Khuong ont refusé toutes les demandes d'entrevue de La Presse. La bâtonnière sortante n'a accepté de discuter qu'avec le réseau TVA, à qui elle a confié qu'elle serait de nouveau candidate au poste de bâtonnière en 2017. Elle a aussi affirmé avoir été «malmenée» pendant les deux derniers mois. «Je pense qu'il faut mettre l'institution au-dessus de l'individu», a-t-elle affirmé.

L'ex-bâtonnière a aussi remis à TVA une copie des bandes de vidéosurveillance la montrant lors de deux événements distincts.

En avril 2014, après un passage d'une quinzaine de minutes dans une cabine d'essayage, Lu Chan Khuong est interceptée et suit une agente de sécurité sans protester. Amenée dans un petit bureau, elle a ensuite une conversation avec du personnel du magasin. Elle se prend la tête dans les mains à quelques reprises et semble essuyer ses yeux en retirant ses lunettes.

Selon Me Khuong, ces images la disculpent.

Le C.A. «désolé»

Si des détails de l'entente demeurent flous, La Presse a pu confirmer que le Barreau a accepté de régler les frais judiciaires de Me Khuong.

Les administrateurs lui ont aussi fait parvenir un message dans lequel ils reconnaissent «les dommages» que le différend a causés à Me Khuong. «Nous le déplorons et en sommes profondément désolés», ont-ils déclaré dans le document. «Nous ne doutons pas que c'est d'abord et avant tout pour préserver cette institution [...] que vous avez pris la décision de quitter vos fonctions de bâtonnière.»

La lettre la remercie «d'avoir accepté de mettre fin au litige».