Une demande de recours collectif pour atteinte à la vie privée contre Ashley Madison a été déposée mardi à Montréal au nom des quelque 70 000 Québécois victimes du piratage des données confidentielles du site de rencontres extraconjugales, a appris La Presse.

C'est Serge Saumur, un citoyen de Longueuil âgé de 49 ans, qui est le représentant des victimes.

Célibataire, il s'est inscrit en février sur le site de rencontres dont le slogan, « La vie est courte, ayez une aventure », résume le créneau.

« Moi, je n'ai rien à cacher. Je n'ai pas de conjointe, pas d'enfants. Ça ne me dérange pas que mon nom soit connu. Et je comprends que la majorité des autres victimes vont vouloir rester anonymes », dit-il.

32 millions de victimes

Ce qui préoccupe le plus M. Saumur, c'est plutôt le risque de vol d'identité.

Rappelons que les données personnelles de 32 millions d'usagers du monde entier, dont leur adresse, une portion des numéros de leur carte de crédit ainsi que leurs messages privés, ont été mises en ligne par des pirates informatiques.

Les informations avaient été piratées en juillet par un groupe se présentant sous le nom d'« Impact Team ». Les pirates informatiques menaçaient de révéler les informations recueillies illégalement si l'entreprise Avid Life Media, propriétaire d'Ashley Madison, ne fermait pas le site.

« Tout le monde fait des transactions sur l'internet avec sa carte de crédit », dit Serge Saumur, qui a découvert l'ampleur de la fuite dans les médias. Il a alors contacté des avocats.

« Tout le monde est à risque d'une histoire comme ça. »

Un deuxième recours

Deux cabinets ontariens, Charney Lawyers et Sutts, Strosberg LLP, mèneront la charge. Ils ont déposé la semaine dernière une première demande de recours collectif, celle-là au nom des victimes canadiennes, dans lequel ils réclament 760 millions. Le recours québécois fait partie de la même démarche. Il a été déposé au palais de justice de Montréal. Le cabinet Legal Logik servira d'intermédiaire dans la province.

Pour le Canada, le représentant des plaignants est un homme d'Ottawa, Eliot Shore, veuf après 30 ans de mariage, qui, selon la poursuite, s'est inscrit sur le site de rencontres dans l'espoir de trouver une nouvelle compagne. Il n'a utilisé le site qu'un court laps de temps et n'aurait rencontré personne.

Atteinte à la vie privée

Selon les avocats, de nombreux anciens membres d'Ashley Madison avaient payé des frais additionnels pour que le site efface leur compte et leurs données personnelles. Ils ont tout de même retrouvé leur nom et leurs informations dans les fichiers piratés. 

« Ashley Madison doit répondre à des questions sérieuses. Quel genre de mesures de sécurité étaient en place ? À quel point ces mesures étaient-elles sécurisées ? Ont-ils respecté les pratiques standards de l'industrie ? Ont-ils pris des précautions particulières étant donné la nature du site et ses promesses de discrétion ? », demandent les avocats chargés de l'affaire pour expliquer les motifs du dépôt des demandes de recours.